L’archange du sourire,
annonçant le Messie, déclarait son saint prénom : « Jésus » (Luc 1,31). Comme dans un kaléidoscope
fascinant, Marie scrute les prophéties bibliques : le Messie, rempli de
l’Esprit mais porteur de nos fautes ; prêtre éternel ainsi que victime
innocente... L’attente maternelle, pleine d’intelligence, déchiffre ces
paradoxes et s’émerveille.
Le Fils de Dieu porterait ce
titre théophore et rédempteur : « il sauvera son peuple de leurs
péchés » (Matthieu 1,21). Un nom
déjà connu en Israël mais qui, révélateur de la nouvelle alliance, sera
désormais porteur de « la joie de l’Évangile ».
Notre Dame a bien pu se
souvenir d’autres Jésus célèbres dans l’histoire du salut : un chef, un
prêtre… Auparavant (Nombres 13,16) Moïse
avait changé le nom de son lieutenant Osée (« salut »), pour le
désigner comme « Josué » (« Dieu sauve ») :
l’équivalent de Jésus. Une nouvelle terre promise attend le peuple racheté.
À l’unisson de ce cœur, la
foi de Marie se remet aux bénédictions promises à Abraham. L’agneau pascal,
plus tard, avait protégé le peuple de l’extermination. Isaïe, sous la même image,
suggérait l’amour du Serviteur saint qui se livre à la mort à la place du
peuple pécheur. Dans le Benedictus,
Zacharie annoncera « le pardon des péchés » (Luc 1,77), avec la même expression qui serait prononcée sur la
coupe à la Dernière Cène de Jésus. L’Église se réjouit devant « la Vierge
pure qui devait nous donner l’Agneau immaculé qui enlève nos fautes » (Missel romain, préface de l’Immaculée
Conception).
Le Lombard Cesare da Sesto, disciple de Léonard et collègue de Raphaël, a donné forme à la méditation de Marie sur la mission rédemptrice de son Fils (Milan, 1515) : seuls la Mère et le Fils avec l’agneau symbolique. « Marie, présente dans l'Église comme Mère du Rédempteur, participe maternellement au dur combat contre les puissances des ténèbres qui se déroule à travers toute l'histoire des hommes » (Jean-Paul II, encyclique La Mère du Rédempteur §47).
Pendant l’Avent, elle nous
aide à ne pas rendre vaine l’incarnation rédemptrice. Le sacrement de
réconciliation nous prépare pour recevoir sans souillure l’Agneau sans péché.
Le chrétien se laisse racheter chaque jour, quand il exprime sa contrition
sincère, et encore plus dans chaque confession.
Le
chrétien ne peut pas ignorer le pardon inépuisable de Jésus, qui attend les
bras grand ouverts : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de
mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour
renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau
Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs » (Pape
François, exhortation La joie de
l’Évangile §3).
Par l’abbé Fernandez.
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