vendredi 24 février 2012

Paroles de prêtres



             

         Chers amis, ce blog étant avant tout un lieu d’échange autour du sacerdoce, je souhaite aussi vous faire part des initiatives, homélies ou entretiens conduites par d’autres prêtres ou laïcs.



Je vous proposerai donc des paroles de prêtres dont j’ai fait connaissance. Elles vous feront découvrir le sacerdoce dans tous ses aspects : Formation bien sûr mais aussi sacrements ou vie quotidienne… J’y joindrai encore des extraits de discours que nous adresse le Saint Père. Ils sont destinés aux prêtres, mais contiennent des clés pour vous aider à comprendre notre ministère sacerdotal, qui est un présent que Dieu nous accorde, certes, mais dont vous bénéficiez.


          Je commence donc cette série, avec un de mes confrères, l’abbé Patrick Pégourier, actuellement à Lyon. Il nous propose une réflexion sur le Carême que nous entamons. Il ne la décrit pas comme une période austère ou  « pauvre » mais bien au contraire comme un itinéraire vers une vie nouvelle, une amitié avec Dieu qui se renouvelle, fondée sur l’espérance de la Résurrection.


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Le Carême, un temps austère ?

               " Pour les chrétiens, le Carême est une montée vers Pâques. Pour les catéchumènes, en particulier, c’est le temps de leur préparation ultime au baptême lors de la vigile pascale. Le baptême, c’est la vie nouvelle, la vie qui vaut la peine d’être vécue parce que vie de Jésus ressuscité, vie véritable ! "

Vivre pleinement

               Car Jésus est le Vivant. Il est le seul homme à vivre en plénitude. Il déborde de vie et nous la fait partager. Sa résurrection le prouve : Il n’a pas été tiré de la mort comme, par exemple, Lazare qu’Il a réanimé. C’est Lui qui, de Lui-même, en a émergé. On entrevoit cela sur des tableaux où le peintre a su représenter la puissance du ressuscité face à une mort qui n’est pas faite pour Lui (Bellini, Grünewald, Le Gréco …) : certes, avec notre nature, le Fils de Dieu l’a pleinement assumée, mais pour en faire le moyen de notre salut.

         Qu’en est-il pour nous ? La vie de notre corps est également condamnée à la mort, et celle de notre âme demeure entravée par le péché. Au plan humain, nous ne survivons qu’à peine ; au plan surnaturel, nous vivotons. C’est ce qu’exprime avec une beauté poignante un morceau classique du chant grégorien, « Media vita » :

En pleine vie, nous sommes dans la mort.
De qui nous viendra le réconfort, sinon de Toi (…),
Dieu saint, Dieu fort, saint et miséricordieux Sauveur !

             Bref ! Par nous-mêmes, nous ne pourrons jamais faire mourir la mort. Nous avons besoin d’être ressuscités.

Promouvoir la vie de Jésus ressuscité

                Néanmoins, et c’est là une grandeur de notre condition, si nous ne pouvons échapper à la mort, du moins pouvons-nous coopérer à la Vie et au rayonnement du Christ. L’Église propose trois pistes à parcourir pour y parvenir :


1. ne pas mourir avant la mort. Plutôt faire mourir, par la pénitence, le péché qui conduit à la mort éternelle. On ne peut conserver la vie nouvelle du baptême sans renoncement ni combat spirituel. Il faut donc s’y résoudre et abandonner des parts de soi-même : attachement au confort, goût pour la commodité, nonchalance dans la conduite de son existence, petites satisfactions qui retiennent prisonnier, etc. D’autant que l’effort que demande le Carême répond à une exigence qu’a l’homme lui-même d’une purification intérieure qui le désintoxique de la pollution, du péché et du mal (Benoît XVI). Ce temps fort de l’année liturgique encourage par conséquent les fidèles à être courageux, authentiques ; à proclamer autour d’eux l’Évangile de l’espérance à travers leur « héroïsme » quotidien.



2. nourrir la vie de notre âme par la prière. Ainsi nous devenons intimes de Dieu. Mais l’avons-nous vraiment découvert ? Sommes-nous sûrs de ne pas l’aborder au travers de préjugés ? Par osmose avec le relativisme ambiant, ne sommes-nous pas enclins à le mésestimer ? Le Carême est un peu comme le temps des fiançailles pour de futurs époux : une période où ils prennent le temps de se connaître, de se fréquenter, où ils forment des projets … De même, nous cherchons à aimer Dieu de plus près, dans cette relation vivante qui est communion au Christ et qui se dilate dans l’Église qui est son Corps (CEC 2565).



3. offrir ce surcroît de vie qu’Il nous communique, par l’ouverture de notre cœur. La vie des saints est une vie débordante : Josémaria Escriva, dans sa catéchèse, prenait pour exemple un fleuve en crue, tel autrefois le Nil qui fertilisait les plaines qu’il traversait. Mère Teresa racontait qu’il existe dans sa communauté des alter ego qui offrent leurs prières pour une sœur qui a besoin de forces afin de poursuivre son travail. Le temps de cette vie est court. Vivons-le donc pleinement, c’est à dire au présent, un présent dont la vibration se prolonge pour configurer l’avenir. De la sorte, la foi et l’amour avec lesquels nous réalisons nos activités du moment « passeront » chez les personnes pour lesquelles ou avec lesquelles nous les accomplissons.., même après notre mort. D’ailleurs, n’est-ce pas ainsi que, par une éducation soignée, les parents continuent à vivre dans la personnalité de leurs enfants, qu’entre autres exemples saint Joseph se retrouve dans les tours de main, les façons de parler et les traits de caractère de Jésus, de même que don Bosco – « le tailleur dans son étoffe », confiait-il – chez le jeune Dominique Savio ?

             Dans cette perspective, le Carême est une occasion d’apprendre à vivre mieux, c’est à dire avec amour, afin que, par nous, d’autres personnes, connues ou non de nous, parviennent aussi à vivre mieux. Une occasion d’unir notre vie à l’esprit de la doxologie qui termine la prière eucharistique : Par Lui, avec Lui et en Lui …, et que saint Josémaria commentait ainsi : Lui par moi, Lui avec moi, Lui en moi. Avec mes misères ou même à cause d’elles, mon amour est un amour qui chaque jour se renouvelle! »


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