Le bâton orné d’une fleur, à
l’instar de celui du grand prêtre Aaron, est un symbole éclairant de
l’iconographie joséphienne. Le cardinal Ratzinger le rappelait en 1995, en
mentionnant une étude récente, dans un commentaire sur l’incarnation. À propos
de l’annonce faite à Joseph, il notait : « Portant un bâton fleuri,
saint Joseph est présenté comme grand prêtre, comme archétype de l’évêque
chrétien. Marie, elle, est l’Église vivante » (Dieu nous est proche. L’Eucharistie au cœur de l’Église, Parole et
Silence, 2003, p. 15).
Dans l’imposant arc triomphal de
la basilique romaine Sainte-Marie Majeure, une séquence de mosaïques résume
l’enfance du Christ ; Joseph, recevant l’annonce de l’ange devant le
sanctuaire (image de Marie), est représenté avec ce bâton fleuri que la Torah attribue au frère de Moïse et les
évangiles apocryphes à l’époux de Marie. La fleur indique la grâce de
l’élection divine, qui garantit l’espérance des fruits éternels (Nombres 17, 20 et 23).
Le sacerdoce israélite faisait
partie de ces dons féconds ; la tradition juive, à bon escient, avait
associé le bâton fleuri d’Aaron avec le Saint des Saints et l’Arche de
l’Alliance.
Le Messie promis était le don
définitif ; sur le « rejeton de Jessé » (Isaïe 11,1) reposera l’Esprit. Le christianisme primitif, dans le Protévangile de Jacques (chap. 9),
applique cette prophétie à la légende sur le choix de Joseph comme époux de la
Vierge Marie.
Par la suite, de Padoue à
Istanbul, l’iconographie médiévale a maintenu le même motif, emprunté dès lors
à la Légende Dorée. Le lys dans la main de Joseph, signe de sa chasteté fidèle,
est plus tardif.
« Joseph est le rejeton fertile… il étend
ses branches » (Gn 49, 22), prédit la bénédiction ancienne. Saint
Josémaria notait : " Joseph, en hébreu, signifie Dieu ajoutera. Dieu ajoute à
la vie sainte de ceux qui accomplissent sa volonté des dimensions
insoupçonnées: l'important, ce qui donne valeur à toute chose, le divin. A la
vie humble et sainte de Joseph, Dieu ajoutera, si je puis dire, la vie de la Vierge
Marie et celle de Jésus notre Seigneur. " (Quand
le Christ passe §40).
Il a été choisi pour préparer le
sacerdoce et la royauté du Messie ; Patriarche au seuil de la Nouvelle
Alliance, Joseph est comme un symbole vivant de la plénitude de Jésus. Comme
chef de la nouvelle famille des enfants de Dieu, Joseph administre les
« prémices du salut » (Missel
Romain, messe de la solennité, 19 mars) : il fait grandir le corps et
l’âme de Jésus et, en amont, de toute la famille ecclésiale.
La Sainte Famille était déjà une Église domestique : dans ce noyau embryonnaire, plein de vitalité
spirituelle, se trouvaient les éléments essentiels.
Jésus est nourri, tout en
étant la source de vie ;
Marie est le principe maternel ;
Joseph, le
principe paternel par adoption.
Sans être apôtre ni prêtre, il anticipait le
ministère pastoral et sacerdotal. « Joseph, le juste, est appelé à être
l’intendant des mystères de Dieu, — père de famille et gardien du
sanctuaire qu’est la Vierge et du Logos en elle. De cette manière, il devient
l’image de l’évêque à qui la fiancée est confiée » (J. Ratzinger, ibid.).
Aujourd’hui comme hier, Joseph
veille sur le Corps du Christ et sur ses pasteurs.
Nous lui confions l’élection
du prochain pape.
Par l'abbé Fernandez.
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