« Joseph, fils de David, ne crains pas de
prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20). Joseph a ressenti
certainement une grande frayeur devant la mission inouïe, que Dieu, sans lui
demander son avis, lui proposait.
Joseph apprend
que sa fiancée est enceinte. Nous ne savons pas si ce fut un simple constat,
quelques mois après l’Annonciation, ou une confidence livrée de bonne heure par
Marie. De nos jours, sur la base de la tradition, on penche plutôt pour la deuxième
réponse (P. Rodriguez, édition critique de Saint
Josémaria Escriva, « Saint Rosaire »).
Dans le passé,
certains ont pensé que Marie avait gardé le silence et que Joseph s’était
étonné de la grossesse inattendue de la Vierge. Il y en a qui envisageaient
même une tentation de doute de la part du saint patriarche ; ce qui est
tout à fait à exclure, puisque l’évangile souligne le lien entre la
« justice » de l’époux et sa décision de s’éloigner, comme autrefois
l’avait imploré Jérémie.
Joseph entrevoyait l’origine miraculeuse de la
grossesse et, devant ce prodige messianique prédit par Isaïe, il se sentait
indigne d’en partager la merveille. Comment le Fils Souverain pourrait-il avoir
un père adoptif ?
L’intervention
de l’ange le rassure : Dieu le Père a besoin de toi pour son Fils. Docile,
malgré la surprise, Joseph reçoit effectivement Marie comme épouse chez lui.
L’art chrétien
a trouvé l’occasion d’imaginer la scène, heureusement au moins une fois. L’un
des maîtres du baroque italien, Alessandro Tiarini, avait composé, en 1619,
pour l’église des Mendiants de Bologne un tableau monumental (plus de 6 mètres
carrés) intitulé « Le repentir de
Joseph ». Suite au sévère traité de Tolentino (1797), à la fin de la
première campagne d’Italie, le tableau peut être admiré au Louvre.
Marie domine
la rencontre indiquant, d’un geste délicat, que le mystère de sa maternité
vient d’En-Haut ; aux portes de la maison, Joseph s’agenouille humblement
devant l’Épouse virginale, en lui suppliant d’accepter sa compagnie ; les
anges accompagnent le couple donnant des signes d’admiration et de joie.
La tâche qui
attend Joseph est inattendue, immense, imméritée. La grâce en sera
proportionnée. Joseph a ressenti
vivement ses limites : comme Jean le précurseur, qui n’osait même pas
toucher les sandales du Messie ; comme le centurion païen, qui voyait sa
maison impropre à l’accueil du Sauveur ; comme Paul, élevé à la dignité
d’apôtre…
Par l'abbé Fernandez.
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