vendredi 1 mars 2013

Le stress de Joseph : vraiment indigne ?


« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20). Joseph a ressenti certainement une grande frayeur devant la mission inouïe, que Dieu, sans lui demander son avis, lui proposait.

Joseph apprend que sa fiancée est enceinte. Nous ne savons pas si ce fut un simple constat, quelques mois après l’Annonciation, ou une confidence livrée de bonne heure par Marie. De nos jours, sur la base de la tradition, on penche plutôt pour la deuxième réponse (P. Rodriguez, édition critique de Saint Josémaria Escriva, « Saint Rosaire »). 

Dans le passé, certains ont pensé que Marie avait gardé le silence et que Joseph s’était étonné de la grossesse inattendue de la Vierge. Il y en a qui envisageaient même une tentation de doute de la part du saint patriarche ; ce qui est tout à fait à exclure, puisque l’évangile souligne le lien entre la « justice » de l’époux et sa décision de s’éloigner, comme autrefois l’avait imploré Jérémie.
 
Joseph entrevoyait l’origine miraculeuse de la grossesse et, devant ce prodige messianique prédit par Isaïe, il se sentait indigne d’en partager la merveille. Comment le Fils Souverain pourrait-il avoir un père adoptif ?

L’intervention de l’ange le rassure : Dieu le Père a besoin de toi pour son Fils. Docile, malgré la surprise, Joseph reçoit effectivement Marie comme épouse chez lui.

Repentir de Saint Joseph - Vierge Marie
 
L’art chrétien a trouvé l’occasion d’imaginer la scène, heureusement au moins une fois. L’un des maîtres du baroque italien, Alessandro Tiarini, avait composé, en 1619, pour l’église des Mendiants de Bologne un tableau monumental (plus de 6 mètres carrés) intitulé « Le repentir de Joseph ». Suite au sévère traité de Tolentino (1797), à la fin de la première campagne d’Italie, le tableau peut être admiré au Louvre.
 
Marie domine la rencontre indiquant, d’un geste délicat, que le mystère de sa maternité vient d’En-Haut ; aux portes de la maison, Joseph s’agenouille humblement devant l’Épouse virginale, en lui suppliant d’accepter sa compagnie ; les anges accompagnent le couple donnant des signes d’admiration et de joie.




La tâche qui attend Joseph est inattendue, immense, imméritée. La grâce en sera proportionnée.  Joseph a ressenti vivement ses limites : comme Jean le précurseur, qui n’osait même pas toucher les sandales du Messie ; comme le centurion païen, qui voyait sa maison impropre à l’accueil du Sauveur ; comme Paul, élevé à la dignité d’apôtre…
 
 
— Certes, je ne suis pas digne mais, par cet aveu humble Dieu me rend digne. Malgré tout, Dieu a besoin de moi pour protéger et le Messie et la Mère ; Celui qui m’a choisi me soutiendra dans la tâche, me conduisant par sa main droite dans la voie du sacrifice heureux.

Par l'abbé Fernandez.

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