Sa lettre est à la fois pleine d’affection filiale, et porte un regard
profondément théologique sur la papauté.
Comme prêtre itinérant de l’Opus Dei,
le temps m’échappe souvent des mains, et ma lettre est restée un simple désir.
Hier soir, en attendant un train sur le quai de la gare de Rouen pour revenir à
mon camp de base parisien, une conversation avec un ami a réveillé ce désir. Le
voilà assouvi entre deux itinérances.
Cher Benoît XVI,
En cette année de la foi, Dieu va nous donner un nouveau
pape pour nous soutenir par sa prière et sa sollicitude pastorale, avec un cœur
de père. Quelle générosité celle de notre Dieu ! Nous allons avoir bientôt
un papa et un grand-papa ! Et comme tout grand-papa, vous serez discret
mais non moins influent sur vos petits-enfants : vous le serez à la façon
de saint Joseph. Ces mots de Bossuet me semblent tout à fait adaptés pour
comprendre la situation de l’Église, qui bientôt aura un pape et un pape
émérite : « Jésus est révélé
aux apôtres pour l’annoncer par tout l’univers ; Joseph pour le taire et
le cacher. Les apôtres sont des lumières et Joseph un voile pour le couvrir.
Vie cachée en Dieu, quel mystère ! » Votre élection en avril 2005
vous avait mis en avant, pour annoncer publiquement à tous les hommes : Dieu, le Christ et la joie d’être chrétien ;
maintenant, vous êtes appelé à entrer dans la vie cachée de Jésus, avec comme
modèle saint Joseph.
Paternité publique et paternité cachée, non pas privée,
comme vous nous l’avez dit dans votre dernière audience : « Toujours — celui
qui assume le ministère pétrinien n’a plus aucune vie privée. Il appartient
toujours et totalement à tous, à toute l’Église. La dimension privée est, pour
ainsi dire, totalement enlevée à sa vie […] Le « toujours » est aussi un « pour
toujours » — il n’y a plus de retour dans le privé. Ma décision de
renoncer à l’exercice actif du ministère, ne supprime pas cela. … Je ne
porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l’Église, mais dans
le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l’enceinte de saint
Pierre ». Nous pouvons compter sur votre prière. Probablement, nous
n’aurons pas le droit à des propos publiques qui nous serons adressés, mais
nous pourrons aller puiser dans votre riche enseignement les conseils qui
étaient ceux d’un père pour ses enfants, et deviennent maintenant ceux d’un
grand-père pour ses petits-enfants.
Merci grand-papa pour tout ce que vous avez fait pour nous
jusqu’au 28 février, alors que vous étiez encore pape. Merci pour tout ce que
vous avez commencé à faire pour nous depuis comme pape émérite, dans votre
silence que, comme l’écrit un ami écrivain, « le monde appelle déjà défaite, subterfuge, fuite, et qui est en fait
victoire ».
La victoire du Christ qui s’est retiré pour laisser la place
au Paraclet, qui par sa puissance le rend présent à tous les temps et dans tous
les lieux ! Avec toute mon affection de petit-fils,
Abbé Fabio Quartulli
[1]
Il a publié en français Blanche comme le
lait, rouge comme le sang, que l’on trouve en livre de poche.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire