Je n’ai pas encore rendu ici hommage à Benoît XVI. Pourtant, c’est un
pape qui a compté pour moi, pour différentes raisons personnelles ou liées à mes
activités dans le domaine du journalisme ou la communication. Je voudrai donc
rendre à Benoît ce qui lui revient, à travers quelques mots qui font tous
référence à un moment vécu, de près ou de loin, avec le pape.
Libre à vous de
compléter cette petite liste.
A comme absorbé. Absorbé dans la prière, dans le face à face avec Dieu. Que ce soit à Madrid ou récemment encore, à Rome, lors de la rencontre avec les jeunes de Taizé. Absorbé dans cet amour si grand, adorant Dieu avec les autres, avide de Sa présence. Et face à lui, me voilà tout simplement admiratif… A comme audience aussi. J’ai assisté à la première audience publique de Benoît XVI, un peu comme un touriste, regardant les premiers pas d’une star… et lui était là, attentif à tous, comme si rien d’autre n’existait que celui qui était face à lui.
B comme Béatification.
Celle de son prédécesseur direct, Jean-Paul II. B comme le bonheur de
lire les textes publiés par Benoit XVI, de le retrouver grâce aux
retransmissions vidéos, ou d’entendre sa voix fluette. Et surtout B comme
Benoît, ce moine dont, au final, il partage la destinée en se retirant
dans un monastère pour y prier.
C comme chasuble,
cape ou « chapeau de père Noël » (de son vrai
nom caméro). Sur ce coup-là, j’avoue que j’ai plus de mal à le suivre,
préférant la sobriété des tenues liturgiques de Jean-Paul II à l’ostentation des
mitres hautes et dorures de Benoît XVI. Mais bon, tous les goûts sont dans la
nature, et c’était aussi une manière de nous rendre attentifs aux traditions,
pour mieux nous faire entrer et vivre La Tradition.
D comme discret, car loin
d’une star, le pape savait renvoyer vers Dieu, détourner les
regards de lui pour les guider vers le Père. Et D comme dogme, car ma
première rencontre avec lui a eu lieu lorsqu’il était préfet de la congrégation
pour la doctrine de la foi. Ce fut une rencontre forte avec un homme
frêle qui parlait avec une précision que je rêve encore de posséder.
E comme érudit. Parce
qu’on sentait, lors des audiences, la connaissance des pères de l’Église. E
comme enseignant, tant il n’aura eu de cesse de nous former, de nous
instruire.E comme environnement aussi, car il aura été plus qu’attentif à
la création, rappelant sans cesse le respect qui lui était dû. Et à ce propos,
il faut ajouter E comme écologie, celle qui a trait à notre
environnement, mais aussi celle concernant l’homme. E comme encyclique
pour finir, avec ses trois textes magistériels que l’on aura toujours plaisir à
relire et à approfondir.
F comme Foi. Comment en
cette année de la foi ne pas lui rendre hommage, à lui qui l’a tant
défendue, ce familier de ce qui nous définit comme chrétiens. F comme
fidèle à ces convictions et à l’Eglise. F comme fort, car au plus
dur de la tempête, malgré tout ce qu’on lui a reproché, il n’a pas bougé,
défendant ce qu’il croyait (et qui était d’ailleurs) juste !
G comme Georg. Les deux,
Georg Gänswein et son frère, Georg Ratzinger. Deux fidèles, proches, toujours là
pour permettre au pape, cet homme malheureusement si éloigné de la vie commune,
tant par tradition que par fonction, de vivre des relations amicales et tout
simplement humaines. Merci aussi à eux de l’avoir soutenu.
H comme homme. Avec ses
limites, au point de devoir renoncer à sa charge. Mais homme qui sait le
prix de la vie, qui l’aura toujours défendu, comme par exemple dans son dernier
message pour la journée mondiale de prière pour la paix, le 1er
janvier dernier. Et forcément, H comme humble. C’est l’un des premiers
mots qu’on a entendu de lui : je ne suis qu’un « simple et humble travailleur
dans la vigne du Seigneur ».
I comme Israël, ce pays
qu’il a visité et où, durant un chant pour la paix, il a pris la main de ses
voisins juifs et musulmans, les unissant ainsi au-delà de leurs oppositions. I
comme irénique, car toujours Benoît XVI a voulu voir ce qu’il y avait de
meilleur en l’homme. Et I comme intransigeant face à tout ce qui pouvait
dénaturer la personne humaine ou salir l’Eglise
J comme Joseph, son
prénom de baptême. Et comme saint Joseph, on imagine que ce n’était
naturel et évident d’accepter ce que Dieu attendait de lui. Pourtant, il l’a
fait… J aussi comme Jésus de Nazareth, titre de sa trilogie,
cosignée Benoît XVI et Joseph Ratzinger. Trois volets pour découvrir, dans la
foi, le Fils de Dieu. J comme joie, cette joie simple de le voir, d’être
en prière avec lui, y compris dans une foule. Joie aussi de le voir faire
stopper sa papamobile pour embrasser et bénir les enfants qu’on lui présentait.
J comme JMJ enfin, lieu de ses rencontres avec les jeunes, lieu fondateur
de la foi pour tant de jeunes.
K comme kangourou. Et il
faudrait ajouter tant d’autres animaux qu’il a touchés et caressés lors de ses
voyages ou audiences. Le dernier en date, c’était un lion présenté par les gens
du cirque qu’il recevait dans la salle Paul VI, au Vatican. Mais K aussi comme
kerygme et koinonia, l’essentiel de la foi et la communion, deux
mots grecs qui illustrent sa fonction de Pontife Romain, celle d’affermir la foi
des catholiques et d’être ferment d’unité pour eux.
L comme lectures, tant il
y a de textes du pape à parcourir. Ce pontificat n’est pas simplement un
évènement pour aujourd’hui, mais en reprenant les écrits de Benoît XVI, on a une
ouverture sur la théologie, sur la spiritualité, sur la vie de l’Église tout
entière. L comme latin, cette langue de l’Église, qu’il affectionne tant,
au point de lire le texte annonçant sa démission, en latin. L comme
liturgie, déployée, lourde parfois diront certains, mais une liturgie qui
veut redire la grandeur de Dieu.
M comme musique. Qui
n’est pas encore au courant de l’amour du pape pour la musique. De nombreux
concerts lui ont été offerts, j’ai même eu la chance de participer à l’un
d’entre eux. Et aussi M comme mosquée et musulmans. La prière dans
la mosquée sainte Sophie à Istanbul restera un moment fort dans les relations
avec les musulmans, après un départ un peu raté à Ratisbonne. Et ce par la faute
des médias qui ont sorti une petite phrase de son contexte. Dans ce
domaine, que d’incompréhensions jusqu’à ces derniers jours, ne voyant en Benoît
XVI qu’un acteur politique comme d’autres.
N comme nouvelles
technologies. C’est un peu mon dada, mais quand un pape qui écrit ses livres
et autres discours ou homélies au crayon de papier prend fait et cause pour les
nouvelles technologies, au point d’ouvrir un compte Twitter, de parler
d’internet comme du « continent numérique », d’inviter à voir les réseaux
sociaux comme un lieu d’annonce de l’Evangile, je dis chapeau (et pas caméro
svp) !
O comme oiseaux. Il est
impossible que vous n’ayez pas vu ces images du pape lâchant depuis la fenêtre
de son appartement des colombes qui, quasiment inévitablement, rentraient dans
le bureau ou venaient se poser sur le rebord de la fenêtre. O comme
Ouverture aussi envers ceux qui étaient proches ou lointains de l’Église.
Benoît XVI a toujours montré de l’intérêt pour les différentes religions et
philosophies. Malgré ses réticences, il a même été à Assise en 2011 !
P comme Pontife
Romain, mais aussi Pasteur passionné pour son
peuple. P comme les « viva il papa » scandés par les
italiens, où qu’il ait été. P comme papamobile, d’où il saluait les
foules et voulait se rendre plus proche de tous, passant et repassant dans les
allées de la place saint Pierre ou d’autres lieux.
Q comme questions. Celle
que les enfants ou les jeunes lui posaient et auxquelles il répondait, sans
feuille, dans un langage simple et adapté. Q comme « quoi qu’on en pense
», car quoi qu’on en pense, il n’a pas bougé, ne s’inquiétant pas du « qu’en
dira-t-on » mais juste de la vérité et de la réalité.
R comme Rome, la ville
dont il était évêque. Rome, la ville éternelle, une ville aux tant et tant de
clochers, une ville d’histoire. R comme renonciation, cet acte quasi
inédit (enfin depuis plus de 700 ans). Jusqu’en cet événement, Benoît XVI a
marqué son temps et osé déplacer les lignes, sans rien renier de l’essentiel. R
comme la relativité qu’il a tant combattue, lui préférant toujours LA
Vérité !
S comme synodes. Le pape
(enfin, l’ancien pape) en a présidé cinq. En un peu moins de 8 ans ! Un bon
ratio ! Et une manière de remettre la synodalité au centre du gouvernement de
l’Eglise. Et forcément, après son choix final, S comme solitude ! Celle
de la prière, qui est plus face à face et rencontre avec l’Ineffable que
retranchement sur soi.
T comme témoin, car il
l’aura été pour ces masses de jeunes qui l’ont vu, stoïque, dans la tempête de
Cuatros Vientos. Témoin du Christ, celui qui « n’enlève rien »
mais « donne tout » ! T aussi comme Tarcisio Bertone, son fidèle
lieutenant depuis l’époque de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, qu’il
a toujours soutenu (à tord ?). Chez Benoît XVI, la fidélité, ça compte !
U comme unité. Celle
qu’il a essayé de restaurer avec les intégristes. Au prix d’efforts incessant,
jusqu’au bout, malgré toutes les embuches. U comme urgence : celle de
remettre l’homme au cœur du projet de l’humanité, celle de rappeler incessamment
que l’individualisme ne pouvait pas être une solution pour notre monde.
V comme Vatican
II, dont il est un des derniers experts. Il a souvent parlé de ce
concile, préférant le voir comme une reforme que comme une rupture. Je ne peux
que vous renvoyer à son discours à la dirige du 22 décembre 2005, où il donne sa
lecture de cet évènement. V comme Vatileaks aussi ou mieux encore, V
comme Vérité. Entre raison et recherche de la Vérité, voilà un pape
déchiré…
W comme Wiliamson, du nom
de cet évêque intégriste dont il a révoqué l’excommunication, sans savoir les
propos négationnistes. La curée médiatique qui a suivi n’a pas épargné Benoît
XVI !
X comme la lettre grecque
xi, qui est la première lettre de Christos (Christ) ! C’est lui que
l’ancien pontife romain n’a cessé, jusqu’au bout, de montrer et de mettre en
avant. Son dernier tweet lui était d’ailleurs consacré : « Merci pour votre
amour et pour votre soutien. Puissiez-vous expérimenter toujours la joie de
mettre le Christ au centre de votre vie ! »
Y comme yacht, aux JMJ de
Cologne et de Sydney. C’est sur des bateaux de ce type qu’il est arrivé. Comme
une métaphore actuelle de la barque du Christ, de l’Église. Et sur ces bateaux,
il était toujours accompagné de plusieurs dizaines de personnes, comme pour
montrer qu’il n’était pas la star, mais celui qui nous guide vers la vraie
lumière, Jésus Christ.
Z comme zélé. Et Z, au
final, comme Ze Artiste, quand tu es monté dans l’hélicoptère jeudi soir,
sans un mot. Un évènement en mondiovision, et zéro parole ! Du coup,
qu’ajouter encore ?
Par Lemessin (repris sur le blog de la Croix - 3 mars 2013)
P. Stéphane, 38 ans, est prêtre du diocèse de Metz.
Il a été ordonné en 2002, avec 5 autres confrères. Prêtre en paroisse et également engagé dans le domaine de la communication, à la Radio diocésaine (et autres), la Croix, le Jour du Seigneur...
Son blog : http://lemessin.wordpress.com/
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