jeudi 14 mars 2013

Saint Joseph, gardien de la nuit



Peu après la nativité de Jésus, un ange annonce l’orage et montre à Joseph la voie pour y échapper : « Fuis en Égypte… car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr » (Mt 2,13). Hérode déploie son pouvoir pour tuer Jésus ; Joseph doit assurer la survie de l’Auteur de la Vie : appliquer l’ordre de l’ange, choisir l’itinéraire, éviter les routes trop fréquentées, se cacher des curieux, pourvoir à la subsistance durant l’exil. Un dur travail qui lui demande de mettre en jeu toute sa prière, toute l’énergie de sa prudence.

Parmi les  épisodes dramatiques de l’enfance du Christ, la fuite précipitée en Égypte a attiré l’attention des fidèles ; des anciennes traditions, reprises dans les évangiles apocryphes, ont rajouté des détails à ce voyage, que les artistes ont illustré. Parfois on représente le cheminement hâtif de la sainte Famille : Marie, montée sur un âne porte l’enfant ; Joseph précède la marche ou la suit ; parfois un ange ou d’autres personnages se joignent au groupe. Certains ont préféré la montrer sous un jour paisible, en imaginant une pause dans un oasis, ou encore l’arrivée triomphante en pays païen avec l’écroulement des temples idolâtres.


Le cheminement dramatique des fuyards a été illustré par des détails significatifs : les voyageurs attaquent une pente raide ; Joseph regarde en arrière dans la crainte raisonnable de voir pointer les persécuteurs à l’horizon ; ou il accélère le rythme pour gagner du terrain sur les soldats d’Hérode. C’est le geste choisi à la Renaissance par le peintre vénitien Victor Carpaccio (vers 1500) ; son tableau, exposé à la National Gallery de Washington, montre, dans un paysage verdoyant sous un ciel serein, les trois membres de Sainte Famille, avec l’âne serviable.  L’urgence de Joseph contraste avec l’attitude paisible de Marie et son Fils : ils peuvent se reposer dans la diligence du père. Joseph assure l’espérance.

Saint Joseph - Pontificat - Pape - Fuite en Egypte



Il a sauvé la vie de Jésus. Le pape Léon XIII  mettait en parallèle le souci de Joseph pour préserver l’Église contre les attaques assassines de l’Exterminateur : « De même que vous avez arraché autrefois l'Enfant Jésus au péril de la mort, défendez aujourd'hui la Sainte Église de Dieu, des embûches de l'ennemi et de toute adversité ».
Satan, « meurtrier dès le commencement » (Jn 8, 44), n’épargne pas les membres du Sauveur. Sur le plan individuel il incite au péché grave, qui introduit la mort à la  grâce ; sur le plan collectif, il déploie les structures de péché et les persécutions pour arracher le bon grain de la foi. Jean-Paul II, quelques semaines avant la chute du mur de Berlin (1989), confiait au « Gardien du Rédempteur » la tâche de préserver l’Église contemporaine « dans ses efforts redoublés de nouvelle évangélisation des pays où  la vie chrétienne était autrefois florissante et qui  sont maintenant mis à dure épreuve (exh. Redemptoris Custos  §29).
Dans ce temps de transition vers le nouveau pontificat, nous confions à Joseph les batailles de la famille de Dieu sur terre.


Par l'abbé Fernandez.

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