Nous prêtres, nous avons une lourde responsabilité envers les âmes.
Elles cherchent Dieu.
Un dimanche après midi, après un
long pèlerinage à Paray-le-Monial et à Cluny, j’ai été à Taizé par curiosité
pour voir ce qui s’y passe. Interrogeant certains jeunes sur l’esprit de Taizé,
ils répondaient tous, de manière consciente ou non, qu’il s’agit d’un lieu de
rassemblement de toutes les confessions religieuses et de toutes les nations.
Lieu de prière et de découverte de soi. Il me passait en tête de demander s’il
y avait quelqu’un d’Haïti. Voilà ! A mon grand étonnement, il y avait une
dame haïtienne.
Ainsi, au cours de notre
conversation, je lui ai demandé : Qu’est-ce que vous faites concrètement à
Taizé, une terre si loin d’Haïti notre patrie ? Qu’est-ce qui vous a
emmené jusqu’ici ? D’un aire toute triste, elle m’a répondu : « Durant
le tremblement de terre, j’ai tout perdu. Je me trouve dans une situation très
confuse. J’ai perdu mes deux enfants, ma maison, mon emploi. Il ne reste que
moi et mon âme à sauver. Je cherche Dieu. Je cherche la paix intérieure et la
sérénité ». Vous ne pouvez imaginer, croyez-moi, combien cette réponse
m’a laissé perplexe ! Répétant au tréfonds de moi-même "chercher
Dieu, chercher la paix", je me suis dit : Pour quoi est-elle obligée
de venir si loin dans un tel endroit pour chercher Dieu et la paix avec tout le
vacarme qu’il y a ?
Sans trop m’interroger, arrivé à la
maison, j’ai remercié le Bon Dieu qui m’a permis de rencontrer cette dame pour me faire prendre conscience de la beauté et
de la responsabilité de mon ministère sacerdotal. A la lumière de cette
soif de Dieu, de cette soif de paix intérieure de cette dame, je vois combien
il m’est important de redéfinir ma vie
de prêtre pour qu’elle devienne au jour le jour un don total au Seigneur.
Oui ! Comme Sainte Thérèse de Lisieux, conscient du besoin de l’Eglise
d’aujourd’hui et des âmes qui me sont confiées en charge pastorale, je dois
découvrir que ma vocation n’est pas celle d’être prêtre mais d’être avant tout
" l’amour au cœur de l’Eglise notre
mère ". Je veux me convaincre que ma vraie mission de baptisé et de
prêtre, n’est autre que de donner Dieu à ceux qui Le cherchent avec un cœur pur
et sincère, d’aider les âmes à retrouver
Dieu, Source de toute espérance. Oui ! Je crois et j’affirme que nous prêtres, nous avons une lourde
responsabilité envers les âmes. Elles cherchent Dieu. Elles attendent que
nous leur donnions Dieu ; non pas le Dieu de nos caprices et de nos
sentiments mais le Dieu qui se révèle en Jésus Christ. Le Dieu qui vient à la
rencontre de l’homme. Le Dieu qui aime et qui défend la dignité de l’homme, « l’unique créature que Dieu ait voulue
pour elle-même » (GS, 24).
Séminaire Sedes Sapientae - Rome - DPTN |
Comme vous pouvez le constater,
cette anecdote ne conduit pas au divertissement mais à un examen de conscience,
ou mieux à une prise en charge de notre mission de prêtre et de chrétien engagé
dans la vigne du Seigneur. Que l’on soit prêtre ou laïc, nous devons tous prendre conscience que le monde a soif de Dieu. Il
nous demande Dieu. Il veut voir Dieu en nous. Et nous devons Le lui donner.
C’est pour cette raison que nous devons, comme l’a si bien recommandé Saint
Josémaria, apprendre à aimer passionnément le monde sachant que Dieu nous
appelle tous à la sainteté. Une sainteté qui exige la sanctification du
quotidien. De surcroît, il faut que nous nous armions davantage – à l’instar de
St Paul – pour défendre le Christ et son Evangile, afin que nous ne donnions à
personne aucun sujet de scandale et que la Croix glorieuse du Christ ne soit
pas décriée (cf. 2 Co 6, 3). Faisons
donc de notre vie un vrai chemin d’évangélisation et de rencontre avec
Dieu ! Par notre façon de dire et de faire, permettons à ceux qui
cherchent Dieu de Le trouver et de L’adorer !
Par l'abbé Jean-Rodney Brevil
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