samedi 6 avril 2013

La miséricorde divine, l'autre nom de l'Amour


Le pressoir de la miséricorde  

Dans une mystérieuse vision, Isaïe aperçoit un guerrier qui rentre vainqueur mais épuisé du combat. Le voyant lui demande : « Pourquoi donc tes vêtements sont-ils rouges, comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir au temps de la vendange ? ». Avec un zeste d’amertume l’interlocuteur  répond, « J'ai été seul à fouler au pressoir ; personne ne s'est trouvé avec moi » (Isaïe 63, 2-3).

Au temps des vendanges on voit encore de nos jours le travail, désormais folklorique, de trépigner, en dansant  sur la cuve, une partie du raisin récolté. Les pieds et les vêtements restent trempés de jus épais ; la joie remplit aussi le cœur et des fouleurs et du public.

Jean-Paul II - Sainte Faustine - Octave de Pâques - Confession - DPTN 
La tradition chrétienne a déployé le symbolisme du Christ au pressoir, dans la littérature et dans les arts plastiques. Marco dal Pino, maître du Cinquecento napolitain, a repris le thème du « pressoir mystique » (Vatican, 1571), sous le Christ en gloire, dans un style maniériste.

 Nous avons assisté ébahis à la Passion : le Christ, pour ainsi dire, s’est laissé fouler aux pieds sur la croix. « Le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang ; et son nom est ‘le Verbe de Dieu’ » (Apocalypse 19, 13). 



La souillure devient pourpre de triomphe et de réconciliation. Le sang versé, recueilli par la terre, monte jusqu’au cœur du Père des Miséricordes. Devant la justice éternelle, ce sang, plus précieux que celui de l’agneau pascal,  plus persuasif que celui du juste Abel, « ne revendique pas vengeance mais pardon » (st Ambroise, Sur la fuite du monde 5).

En se laissant broyer, Jésus a broyé nos péchés et distillé le vin de la miséricorde. Ainsi il nous livre l’Esprit Saint qui met en lumière les fautes, éveille le regret et dispose à la componction ; enfin, s’il rencontre l’écho loyal du repentir, il efface l’iniquité. 

Le saint Sang du sacrifice du Christ   « ouvre à l'Esprit Saint la route qui conduit au sanctuaire des consciences humaines » (Jean-Paul II, encyclique Dominum et Vivificantem §42). Fruit de l’amour du Fils, l’Esprit de sainteté est envoyé aux hommes par le Père de toute miséricorde.

« Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux, lent à la colère et d'une grande fidélité » (Ps 145, 8). La miséricorde divine, l’autre nom de l’Amour,  est un rempart plus fort que la pression envahissante du mal ; elle dissipe le péché de chaque homme. « L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance à la divine miséricorde » (ste Faustina Kowalska, Journal). 

Le dimanche de la Miséricorde, institué par Jean-Paul II à l’occasion de la canonisation de sœur Faustina, rappelle la logique divine du pardon : le Christ poursuit son message de miséricorde « à travers ses mains tendues vers l’homme qui souffre » (Jean-Paul II, Homélie de canonisation, mai 2000). Deux ans après, le pape accorda l’indulgence plénière, dans les conditions habituelles (confession individuelle, communion, prière pour le souverain pontife) à tous ceux qui réaliseront un acte de culte ou de piété privée en l’honneur de la Miséricorde, ce dimanche-là. En 2005, à la veille de ce jour, octave de Pâques, le bienheureux Jean-Paul II, épuisé par sa tâche, rendit l’âme. 

Le dimanche de la Miséricorde nous offre l’occasion propice d’accomplir le précepte pascal, avec une bonne confession.

Par l'abbé Fernandez.

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