L'abbé Jean-Rodney BREVIL, haïtien, est inscrit à l'Université pontificale de la Sainte-Croix à Rome. Il est actuellement étudiant de troisième cycle, et va bientôt présenter sa thèse de doctorat en théologie morale... Il est venu en été, chez les Petites Sœurs des Maternités Catholiques. Voici ce qu'il a retenu de son court passage en France...
Je me souviens encore de l’accueil et de la gentillesse de certaines familles et amis de Lyon. Une autre chose qui me retient l’attention et qui rend mémorable cette expérience, c’est la grande soif de Dieu qui habite le cœur de plus d’un en France et aussi le désir de revoir leur prêtre en habit clérical. Dans la visite de certains lieux de pèlerinage, peut-être parce que je m’habillais en clergyman, beaucoup de personnes se sont approchées de moi pour demander la confession sacramentelle. C’est là que je comprends la sagesse de la Mère Eglise lorsqu’elle recommande aux clercs de porter un habit ecclésiastique convenable pour mieux se faire reconnaître. Quoique simple, je crois que l’habit permet de distinguer le moine du cordonnier, le charpentier du mécanicien. « L’habit ecclésiastique est ainsi un signe grâce auquel les autres peuvent facilement accéder au ministère dont les prêtres sont porteurs » (CIC, n. 284).
Que retenez-vous de cette expérience d’aide en France durant l'été ?
D’une part, je mentionne l’universalité et l’unicité de L’Eglise Catholique Apostolique Romaine. Dans tous les coins du monde, elle reste et demeure – malgré la diversité de culture et de langue qui puisse exister d’une nation à une autre – une dans toutes les églises particulières. Par la prédication de l’Evangile et l’administration des Sacrements, elle rend visible l’Amour de Dieu pour son peuple. Peuple élu en marche vers sa patrie céleste. Dans cet ordre d’idées, ses pasteurs doivent lutter constamment pour que leur vie devienne tout simplement un témoignage vivant de Celui (le Christ) qu’ils annoncent. Ils doivent aimer Dieu et Le faire aimer en tout et par tous. Loin d’être des agents de développement, je crois que notre mission primordiale de prêtre est celle d’annoncer le « Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, … puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 23). Dans notre façon de faire, nous devons, par conséquent, permettre aux autres de prendre conscience de leur mission de fils et de filles de Dieu dans l’Eglise et dans la société. Notre vie de chrétien doit témoigner, refléter la vie du Christ. Si vrai que le caractère indélébile du Baptême exige que le chrétien soit chrétien même en dehors de l’Eglise. Pour ce, il faut une discipline dans la vie de prière ; une connaissance approfondie de Dieu et de sa Parole dans la lectio divina, la méditation, l’adoration au très Saint Sacrement et la célébration Eucharistique. « Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci, dit Benoît XVI, ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu, au Dieu qui parle et qui nous communique son Amour pour que nous ayons la vie en abondance » (Verbum Domini, n. 2). Conscient d’une telle responsabilité, nous sanctifier en sanctifiant les autres, nous devons faire de la charité, de la caritas in veritate, l’unique critère de nos jugements et de nos actes de chrétien.
D’autre part, je me sens débiteur de souligner la soif de Dieu de certains Lyonnais. Durant mon séjour lyonnais, nombreux étaient ceux qui me parlaient de leur soif de Dieu, de leur amour pour l’Eglise et de leur inquiétude face au déclin des valeurs morales. Ils me parlaient aussi de leur vif désir de participer pleinement et activement à l’œuvre de la Nouvelle Evangélisation dont parlait Benoît XVI. Comment ne pas apprécier, louer, porter sur l’autel, un tel sentiment d’église ? (...) Il faut parler de la Miséricorde, de la Bonté et de la Tendresse de Dieu. Comment concilier alors ce paradoxe lorsque nous reconnaissons que Dieu est Justice, « use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » ? (2 Pt 3, 9). Sans une vraie et profonde conversion intérieure, peut-on parler d’évangélisation dans un monde où le témoignage de vie cohérente s’avère nécessaire ? Comment parler de Dieu, de la filiation divine avec quelqu’un qui n’a plus de sens de péché ? Passons !
Pour répondre à la question posée, je peux dire que mon expérience d’aide à Lyon était très fructueuse et enrichissante. Elle m’a permis de découvrir la richesse de l’Eglise de France en histoire et en spiritualité ; la grandeur et la fierté de ceux qui se disent catholiques et continuent de professer leur foi catholique avec conviction et détermination pour tenir haut leur flambeau dans l’espoir de revoir la France Propagatrice de l’Evangile et du Règne de Dieu. « A chaque fois que je visite ces lieux saints, me chante un ami de Lyon, je me souviens du sacrifice de tant de français qui ont versé généreusement leur sang pour l’annonce de l’Evangile et de tant d’autres qui ont témoigné par leur vie la grandeur de l’Amour de Dieu pour l’humanité ». J’admire cette fierté d’être "fille ainée de l’Eglise" et pays de grande civilisation qu’habite le cœur des catholiques français. La seule chose qu’il faut réveiller chez eux, c’est l’enthousiasme de se mettre en mission le plus vite possible. La machine de la Nouvelle Evangélisation est en branle. Elle compte sur leur participation et leur témoignage de foi et de vie unie avec le Christ et l’Evangile.
Si de nos jours on parle très souvent, surtout dans les pays d’Europe, de crise de vocation. Je crois qu’il faudrait retourner à la source des valeurs pour bien discerner l’origine de cette crise. Vu que la famille – fondée sur le mariage – est un bien essentiel et précieux pour la société toute entière, nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de son rôle dans la vie de l’Eglise. Si vrai que « la famille exprime toujours une nouvelle dimension du bien pour les hommes, … crée une nouvelle responsabilité. Il s’agit de la responsabilité pour le bien commun particulier où réside le bien de l’homme, le bien de tout membre de la communauté familiale » (CPF, Famille, mariage et "union de faits", p. 38). Voilà pourquoi les familles chrétiennes doivent reconnaître, ou mieux reprendre au sérieux leur devoir d’"église domestique", inculquer aux enfants le sens du sacré, l’amour de Dieu, l’amour du prochain et le respect de leur corps. C’en est un besoin pour la rénovation de l’Eglise et de la société.
Pour qu’il y ait des prêtres saints, il faut des familles responsables, des familles saintes.
De ce fait, je vous encourage ardemment à prier et demander sans cesse au Seigneur de sanctifier son Eglise et ses pasteurs, d’illuminer la conscience des baptisés et de tous les hommes et de susciter chez les jeunes de saintes vocations à la vie sacerdotale, religieuse et matrimoniale.
Un prêtre saint ne peut pas sortir en dehors d’une famille sainte, qui cherche à mettre en pratique les valeurs transcendantales.
Abbé Jean-Rodney BREVIL
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