L’encens et la flamme
« Le Christ est entré dans le ciel même, afin
de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Hébreux 9,24). Le corps glorieux du
Ressuscité plaide pour notre salut sans limite de temps ni de lieu.
L’annonce pascale, qui remonte à
la première antiquité chrétienne, se fait devant le cierge allumé, symbole du
Christ désormais immortel. Une croix gravée sur la cire rappelle le sacrifice
du Calvaire ; à partir du moyen âge, avec le développement de la dévotion
aux cinq plaies du Rédempteur, cinq grains d’encens ornent la croix du cierge
pascal.
Jésus ressuscité n’a pas voulu
effacer les plaies de son corps glorieux ; les traces de l’humiliation
deviennent les insignes du triomphe sur le péché. Elle ornent le corps du Roi
de gloire. Ces cinq plaies de l’Agneau
vulnérable deviennent cinq sources de miséricorde, plus puissantes que les
torrents du mal.
Dominique le Gréco l’a représenté (Madrid, 1577), en imitant
Dürer.
Dès l’aube de l’histoire du
salut, l’encens odoriférant est symbole des offrandes ardentes qui montent vers
le ciel. Après le déluge, Noé offre des holocaustes : « Le Seigneur respira le parfum apaisant de
ce sacrifice et il se dit :
Désormais je renonce à maudire le sol à cause des êtres humains » (Genèse 8,21).
Le sacrifice de Jésus unissait
l’immolation corporelle à l’offrande intérieure, brûlante d’un amour obéissant
au Père. « Le Christ nous
a aimés et s'est livré lui-même à Dieu pour nous, en offrande et victime, comme un parfum d'agréable odeur » (Éphésiens 5,2). L’ancienne liturgie romaine, dans l’offrande du
calice, évoque encore cette image.
Le parfum du Golgotha est
toujours efficace. Les grains d’encens incrustés dans le cierge rappellent que
ce sacrifice obtient de la Trinité des grâces incalculables. Jésus montre ses
plaies pour obtenir du Père la miséricorde à travers les âges ; aucune
génération n’est privée de l’intercession ni des mérites du Rédempteur. Les
richesses de la Croix sont illimitées ; elles peuvent changer le cours de
l’histoire.
Par la suite, le sacrifice de l’autel représente,
sous les voiles du sacrement, l’unique sacrifice rédempteur ; en union au
Christ, la vie de chaque chrétien, animée par la charité, s’élève comme de
l’encens agréable à Dieu. « Je vous exhorte donc, frères, au nom de la
miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et
agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel » (Romains
12,1).
« Chaque chrétien doit permettre au Christ
d'être présent parmi les hommes; il doit se comporter de telle manière que ceux
qui le fréquentent perçoivent la bonne odeur du Christ; il doit agir de sorte
qu'on puisse découvrir le visage du Maître à travers les actions du
disciple » (St Josémaria, Quand le Christ passe,
105).
L’encens de Pâques est
l’hommage du Sauveur qui réclame fidélité.
« Nos paroles, nos
actes, et même nos misères ! répandront alors la bonne odeur du Christ,
que les autres hommes remarqueront obligatoirement en se disant : voilà un
chrétien » (Amis de Dieu, 271).
Le chrétien est aussi comme un
petit grain d’encens, rivé aux plaies de Jésus, qui prolonge l’œuvre du salut
par la fidélité de ses membres.
Par l'abbé Fernandez.
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