Le parcours terrestre de la Mère de Dieu s’est
terminé paisiblement. Les traditions anciennes décrivent minutieusement ses
derniers instants : Marie éprouve un sommeil serein, accompagnée des
apôtres, entourée d’anges ; Jésus vient à sa rencontre pour l’amener à la
gloire. Le corps sera déposé dans le sépulcre mais n’est pas soumis à la
corruption ; peu de temps après on découvre le sépulcre vide. La Toute-Sainte a été, avant la fin des
temps, glorifiée aussi dans son corps, et participe pour toujours à la
résurrection du Seigneur. « La
source de vie est mise au sépulcre et son tombeau devient l'échelle du ciel »,
chante la liturgie orientale.
L’art chrétien, depuis les ivoires byzantins du
premier millénaire jusqu’aux innombrables enluminures, vitraux, tapisseries,
reliefs et peintures des siècles postérieurs, montrent la fascination du
chrétien devant le départ de la Vierge. Elle se dérobe à la terre éphémère par
la flamme de l’amour éternel.
La Reine de la
Paix a quitté la terre dans un acte d’amour pacificateur. Elle a semé ce don partout
où elle passait et elle continue à le dispenser depuis son trône céleste.
Le monde entier souhaite vivre en paix, avec Dieu et
avec le prochain, en surmontant les fléaux de la colère et de la haine (Catéchisme, n° 2302-2303). Le pape François nous exhorte vivement dans
ce sens : il faut brandir les « armes
de l’Esprit », comme la prière et le jeûne, qui nous détachent de
l’égoïsme meurtrier.
Marie quitta le monde dans un transport d’amour. La
tradition a mis en parallèle les sentiments de la Vierge mourante avec
certaines phrases d’amour divin : « Viens à moi, Bien-Aimée » (Cantique
5,1), dit l’Époux. « Je défaille, je
meurs d’amour » (ibidem
5,8), répond la Femme. C’est le motif textuel utilisé par le peintre autrichien
Balthazar Klenkh, pour le thème de la Dormition, en style baroque tardif (1716,
église de l’Assomption à Matzelsdorf, Carinthie).
Marie quitte cette « vallée de larmes » sans l’angoisse de la séparation des
êtres chers et des choses matérielles ; sans le vertige de l’entrée dans
l’autre monde. Elle a vécu ancrée dans « les biens d’en haut », par la lumière de la foi, pendant tout
son pèlerinage terrestre. La Trinité
l’attend.
La foi est
source de paix. La foi nourrit la prière pour la paix du monde. Marie pacifie. Elle étend sa main devant
Dieu, pour implorer la réconciliation, et aussi devant les hommes pour nous
rappeler la fraternité bienveillante. Comme dans la statue de Guido Galli, que
le pape Benoît XV fit installer dans la basilique romaine de Sainte Marie
Majeure, à la fin de la première guerre mondiale. Depuis 1915, le pontife avait autorisé l’insertion de l’invocation
« Reine de la paix » dans
les litanies de Lorette ; enfin, dans une lettre du 5 mai 1917, il
rendait définitive cette disposition : « Nous ordonnons que, à partir du premier jour
du mois de juin prochain, soit définitivement ajoutée aux litanies de Lorette
l'invocation : Regina pacis — ora pro
nobis ».
Par l’abbé Fernandez.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire