Le plus ancien lieu de culte chrétien
— bâti vers 325 et toujours en fonction — semble se trouver en
Syrie : le couvent Saint-Serge, du nom d’un martyr, officier de l’armée
romaine, qui fut décapité dans la région vers l’an 300.
L’église se dresse au nord-est de Damas,
dans un village perché, à 1400 mètres d’altitude, sur les pentes méridionales
de la chaîne de l’Anti-Liban. La majorité de la population est melkite et parle
encore l’araméen. Là-bas la guerre sévit encore. Vers 1813, le peintre Michel
de Crète décora l’entrée du chœur d’une icône radieuse : le Christ en
majesté qui bénit, en vêtements de prêtre et de roi.
La solennité du Christ Roi
clôt l’année liturgique et aussi, en 2013, l’année de la foi. Jésus est un roi
digne de foi : « l'initiateur de la foi et celui qui la mène à son accomplissement » (Hébreux 12,2). Sa royauté, au-delà des
références cosmiques ou politiques, est liée à l’amour éminent du Père
éternel : Jésus en est le Fils Bien-aimé, notre Sauveur et l’héritier universel.
« L’histoire de Jésus est la manifestation suprême de l’amour
de Dieu » (La lumière de la foi §15). Épris de l’Église, Jésus s’est livré
pour elle et la guide jusqu’au trône de gloire. « Dans la foi nous
reconnaissons qu’un grand Amour nous a été offert » (La lumière de la foi §7) : l’amour infini du Père donné au monde dans
le Fils, plein de la sainteté de l’Esprit.
« Tout au
long de sa vie publique ses gestes de domination sur la nature, sur les
maladies, sur les démons, sur la mort et le péché, démontraient sa souveraineté
divine » (Catéchisme §447). Roi des mages à Bethléem,
roi nuptial à Cana ou convivial au Cénacle, roi broyé sur la croix mais honoré
au sépulcre… le Serviteur a gagné ses titres souverains : il est l’alpha
et l’oméga des gens, des lieux et des temps. L’Église s’apprête à professer la
foi dans ce royaume qui n’aura pas de fin.
Nous adorons « un Roi avec un cœur de chair comme le nôtre; l'auteur
de l'univers et de chacune de ses créatures, qui n'impose pas sa domination
mais mendie un peu d'amour en nous montrant en silence les plaies de ses mains » (saint Josémaria, Quand le Christ passe §179). Notre roi, blessé d’amour, révèle sa tendresse et
nous apprend à aimer pour de bon. Il nous fait régner en aimant.
Le Roi de l’univers n’ignore
pas les résistances et les rebellions. Respectueux de la liberté humaine, il
tolère ses trépignements enfantins ou ses haines quasi infernales. Sa force est
suave ; sa vérité, libératrice. « La
vérité de l’amour n’est pas une imposition totalitaire, intransigeante ;
elle rend humble le bénéficiaire et le fait respecter les autres ; le
croyant ne possède pas la vérité, il est plutôt possédé par elle » (La lumière de la foi §34). Le roi
amoureux attend notre réponse pour élargir, dans la vérité, son royaume de
paix.
Nous n’avons pas un maître
irascible ou vengeur, mais un Chef de miséricorde. Les martyrs chrétiens, comme
saint Serge en Syrie, l’attestent avec sérénité. Devant l’escalade de
l’injustice, le chrétien brandit les armes de l’Esprit : « Les mains de la foi s’élèvent vers le ciel
mais, dans la charité, elles édifient une cité » (La lumière de la foi §51). Un monde où la dignité — non
négociable — de la personne est respectée : la différence des sexes,
la stabilité de la famille, les situations de détresse, l’éthique rigoureuse du
travail.
Seule la charité du Christ
Roi est le levier pour transformer le monde et éclairer l’avenir. Croire en son
amour déclenche un dynamisme de vérité, justice et solidarité (Catéchisme
§2820). Le
chrétien édifie la société en rendant service à tous, « pour
qu'il n'y ait plus ni haine ni cruauté, et pour que nous répandions sur la
terre le baume fort et pacifique de l'amour »
(saint Josémaria, Quand le Christ passe
§183).
Le Roi d’amour est plus fort
que la mort et le mensonge. Il nourrit des projets de paix : toujours prêt
à pardonner et à rendre la vie au moindre geste de conversion. Il envoie ses
disciples pour préparer le terrain. Son royaume dans l’histoire dépend aussi de
notre foi agissante. Celui qui a daigné établir son trône à l’intérieur de nous,
régnera encore, par la fidélité des disciples, « jusqu’aux extrémités de la terre » (Psaume 2,8). Dans la « prière du
Seigneur », le croyant supplie : « Roi Seigneur, hâte donc la venue de ton règne ! » (Tertullien).
Par l'abbé Fernandez.
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