mardi 12 novembre 2013

Les fils de la géhenne


L’Année de la foi est une année de conversion : l’histoire de notre foi montre « le mystère insondable de l’entrelacement entre sainteté et péché » (Benoît XVI, lettre La Porte de la Foi, 11 octobre 2011 §13). Si l’expérience de la miséricorde divine a déjà provoqué en nous une réponse de conversion, encore, dans ces dernières semaines du temps ordinaire, l’Église rappelle les fins dernières du jugement et de la résurrection.

Un message de vérité et de vie qui oriente le chemin vers la vie éternelle. « Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit pour se damner immédiatement pour toujours » (Catéchisme n°1022).

« Envisager le Jugement dernier ne doit jamais nous faire peur ; au contraire, cela nous pousse à mieux vivre le présent » (Pape François, 24 avril 2013). Le verdict du Christ est le triomphe de sa vérité amoureuse, sans violence ; sa miséricorde respecte la liberté humaine. Malheureusement, la créature peut de son côté refuser le Sauveur et s’en éloigner pour toujours. « C’est l’homme lui-même qui, en pleine autonomie, s’exclut volontairement de la communion avec Dieu, si, jusqu’au moment de sa mort, il persiste dans le péché mortel, refusant l’amour miséricordieux de Dieu » (Compendium n° 213).

Jésus, qui a maudit le figuier stérile comme symbole des vérités dernières, n’a condamné personne sur terre ; il a son Cœur ouvert au pardon jusqu’à la fin de la vie de chacun. L’Église accompagne les mourants avec la confession, l’onction des malades et le viatique ; elle les invite à rejeter leurs péchés, à se purifier en profondeur et à s’attacher pour toujours à l’Amour des amours.

Le trésor du baptême reste insuffisant sans miséricorde et conversion. Nous resterons vigilants jusqu’au bout pour être « comptés parmi les bénis de Dieu, au lieu d’être écartés… vers ces ténèbres du dehors où seront les pleurs et les grincements de dents » (Concile Vatican II,  Lumen Gentium §48). Ainsi, l’enfer, vérité intégrante de la foi, « consiste dans la damnation éternelle de ceux qui, par libre choix, meurent en état de péché mortel. La peine principale de l’enfer est la séparation éternelle de Dieu »   (Compendium212).

Jésus reprochait à certains pharisiens de rendre leurs disciples, par l’hypocrisie, des « fils de la géhenne » (Matthieu 23,15), c’est-à-dire dignes de la réprobation irrévocable: « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Matthieu 25,41). La « race de vipères » dénoncée depuis Jean Baptiste, agissait selon l’inspiration empoisonnée de l’antique serpent.

La chute angélique est  expliquée comme « le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne » (Catéchisme392). Voulant être indépendants de leur Auteur, ils ont rompu unilatéralement le lien heureux avec Lui et se sont précipités dans les ténèbres de la solitude. Le péché et la damnation de Satan signent la fin lamentable de son histoire. Le père de la mort rejette la charité de Dieu et des frères. Insatiable, il cherche à perdre les hommes.
 
 

Certains artistes ont cherché à le représenter ; l’un d’entre eux, l’espagnol Ricardo Bellver, présenta, en 1878, une statue monumentale en bronze de L’ange déchu à l’Exposition Universelle de Paris ;  plus tard elle fut installée, pour décorer une fontaine, dans un parc madrilène. Le geste exprime le désespoir du rebelle obstiné. Sans crainte de Dieu on succombe à la terreur de l’égolâtrie.


« La foi que nous recevons de Dieu comme un don surnaturel, apparaît comme une lumière pour la route, qui oriente notre marche dans le temps » (Pape François, encyclique La Lumière de la foi, 29 juin 2013 §4). Le Christ ressuscité nous attire au-delà de la mort,  en nous aidant à éviter les idoles vides du mensonge et les  labyrinthes sans issue de l’hypocrisie.
 
 
 
Par l'abbé Fernandez. 

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