samedi 7 décembre 2013

Marie, conçue sans péché


 
Immaculée Conception - Fordef - DPTN

La rose sans épines

 
« Riche en miséricorde » (Éphésiens 2,4), Dieu embellit la créature par les qualités de la grâce. Il se montre encore plus généreux, lorsque, par prédilection souveraine, il épargne du péché dès le début de l’existence. C’est ce qu’il fit pour la Mère du Verbe fait chair.

Un tel mystère d’amour fut approfondi à Oxford (vers 1300) par le bienheureux Jean Duns Scot. Fort d’une intuition filiale et suivant saint Anselme, le franciscain comprit la « convenance » du privilège (Commentaire des Sentences, livre III). « L’Immaculée Conception représente le chef d’œuvre de la Rédemption opérée par le Christ, parce que précisément la puissance de son amour et de sa médiation a fait que sa Mère soit préservée du péché originel » (Benoît XVI, audience, 7/07/2010).

La foi avait toujours professé la sainteté plénière de Marie. La liturgie honorait sa naissance sans tache. La poésie chrétienne, dès le haut moyen âge, admira celle qui « fut engendrée comme une rose sans épines » (Fulbert de Chartres, antienne pour la Nativité de Notre Dame). Les images représentaient la plénitude de grâce de la « Toute Sainte ».

« L’anneau d’or » désigne la région des grands princes de la Russie médiévale ; sur les rives fertiles de la Volga au nord-est de Moscou, la cité de Yaroslavl a vénéré (dès 1200), dans le couvent de la Transfiguration, la « Grande Panagia » : le plus ancien modèle de la « Vierge du Signe » (selon la prophétie de l’Emmanuel : Isaïe 7,14) qui ajoute, au modèle byzantin de la Vierge orante, la présence de Jésus dans son sein : « abritant le Sauveur, tu es plus grande que les cieux ».

En Occident, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie ouvrit la voie vers la définition dogmatique du bienheureux Pie  IX (1854). Entre temps, les apparitions à la Rue du Bac et à la grotte de Massabielle, scellèrent le magistère solennel. « Ô Marie, conçue sans péché, prie pour nous qui avons recours à toi ». Les litanies de Lorette incluraient désormais l’invocation  « Marie conçue sans péché ».

« Dieu n’a pas failli. Dans l’humilité de la maison de Nazareth vit l’Israël saint, le reste pur. Marie est l’Israël saint » (Benoît XVI, homélie, 8 décembre 2005). Nous connaissons le sens de cette réalité de foi ; Notre Dame l’a vécu à la première personne. Elle découvrait les trésors de la tradition d’Israël : la prière, le culte, les Écritures ; elle se trouvait à l’aise dans le monde de l’Alliance et des promesses, savourant son identité filiale et répondant à la volonté du Père.

Dans une humilité presque instinctive, sans mépriser personne,  la Toute Pure percevait les ravages du mal, tandis que la Loi restait gravée, avec douce vigueur, dans son cœur juste. Sa louange jaillissait sans peine ; la miséricorde imprégnait ses gestes. Son cœur, « Sanctuaire de l’Esprit », s’élargissait au monde ; elle aurait bien voulu arracher des autres l’épine empoisonnée du péché : orgueils, égoïsmes, haines. Aspirant à une prompte arrivée du Messie, son désir a préparé la venue du  Fils de Dieu. « Marie, Vierge sans tache, a réparé la chute d’Ève : et elle écrase de son talon immaculé la tête du serpent infernal » (saint Josémaria, Saint Rosaire, 5e mystère glorieux).

La grâce agrandit. Voici ce « que nous devons apprendre le jour de l’Immaculée : l’homme qui s’abandonne totalement entre les mains de Dieu ne devient pas une marionnette de Dieu, il trouve l’ampleur vaste et créative de la liberté du bien » (Benoît XVI, homélie, 8 décembre 2005). « Chante donc cette hymne aux pieds de la Vierge immaculée : Je vous salue Marie, fille de Dieu le Père ; je vous salue Marie, Mère de Dieu le Fils ; je vous salue Marie, Épouse de Dieu le Saint-Esprit… Dieu seul est au-dessus de vous ! » (saint Josémaria, Chemin §496)

Par l'abbé Fernandez.

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