À
la mi-juillet, le cycle sanctoral commémore saint Camille de Lellis, fondateur (en 1586) de l’ordre hospitalier des Clercs
Réguliers pour les Malades, ordre contemporain des Frères de Saint Jean de Dieu (approuvés
en 1572). Les deux fondateurs sont les saints patrons des malades et des
professions de santé, civiles et militaires. Les œuvres de miséricorde
sont la première richesse de l’Église.
Avant les croisades, les bénédictins créèrent l’hôtellerie Saint Jean l’Aumônier, à Jérusalem, qui fut le germe de nombreuses
institutions vouées au soin des malades ; aujourd’hui encore, d’autres
initiatives d’inspiration chrétienne sont à la pointe de la civilisation.
Le Rédempteur a proclamé la béatitude de ceux qui souffrent (Matthieu 5, 4) et promis le Royaume à
ceux qui les aident (Matthieu 25,
34). Grâce
à « l’Évangile de la souffrance », les chrétiens ont su reconnaître, « dans les traits du frère malade,
la Sainte Face du Christ » (saint Jean-Paul II, La Douleur Salvifique, 1984 §3). Jésus ne dédaigne de s’identifier aux faibles : « J’étais
malade et vous m’avez visité » (Matthieu 25, 36). Il assure la récompense à ceux qui les secourent
avec compétence professionnelle, respect et affection. Notre Dame et les
disciples ont soigné les plaies du Christ défunt ; Thomas a palpé les
cicatrices du Christ glorieux. « Les plaies de Jésus sont visibles aujourd’hui
encore sur le corps de tous nos frères qui ont faim, soif, qui sont nus,
humiliés, esclaves, qui se trouvent en prison et à l’hôpital » (pape François, Méditation, 3 juillet 2013). Soigner ces plaies c’est
rendre honneur au Sauveur.
La maladie, de par la dégradation physique et la douleur, est une épreuve
morale ; le Seigneur la permet pour nous attacher davantage à sa
rédemption. Pour le chrétien, le handicap devient bénédiction ; pour ses
proches, stimulant de générosité. « Nous
vous demandons de devenir une source de force pour l'Église et pour
l'humanité. Dans le terrible combat entre les forces du bien et du mal, que
votre souffrance unie à la Croix du Christ soit victorieuse ! » (saint
Jean-Paul II, ibidem §31). La foi éclaire
le mystère de la maladie ; renforce la vérité de l’homme ; guide
l’action des soignants. Jean-Paul II voulut qu’une Charte des personnels de santé précise les droits et les devoirs
des uns et des autres. « Dans ce domaine,
de délicats et graves problèmes de nature éthique surgissent, au sujet desquels
l'Église et les chrétiens doivent, courageusement et lucidement, intervenir
pour sauvegarder les valeurs et les droits essentiels connexes à la dignité et
au destin suprême de la personne humaine » (saint Jean-Paul II, Le monde
de la souffrance, 1985 §5). La vie naissante ou en déclin sont entre les
mains de Dieu, mais aussi entre celles des soignants.
Avant d’être fondateur des Serviteurs des Malades, Camille de Lellis fut directeur d’hôpital. En tant que prêtre (1584), sous les
conseils de saint Philippe Néri, il exerça son ministère à Rome en faveur des
mourants : d’abord dans l’église Notre-Dame des Miracles, ensuite dans une
autre, dédiée à Marie Madeleine, où repose son corps depuis 1614. Dans une
chapelle latérale est vénérée l’icône de Marie, Santé des Malades, « signe de salut et
d'espérance aux yeux des malades » (Messe de Sainte Marie, Santé des malades,
Préface). Sur la
voûte, au-dessus du maître autel, une fresque montre la gloire de saint
Camille, au
milieu de chérubins et de saints. Le tableau qui servit de modèle (1742), œuvre du Provençal Étienne
Parrocel, peut être admiré au Musée Calvet d’Avignon.
Benoît XIV, en le
canonisant (1746),
reconnut en saint Camille un
nouveau maître de charité ; sa statue fut installée,
avec celles d’autres fondateurs, à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre du
Vatican. « Voici la grande révolution chrétienne : convertir
la douleur en une souffrance féconde ; faire d'un mal, un bien. Nous avons
dépouillé le diable de cette arme... et, avec elle, nous conquérons
l'éternité » (saint Josémaria, Sillon
§887).
Par l'abbé Fernandez
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