Paul Olivier nous propose donc quelques réflexions sur le
célibat apostolique, particulièrement sur le célibat des prêtres ; il insiste, dans un premier temps, sur les dimensions anthropologique,
christologique et eschatologique de cet engagement.
Aimer sa femme, pour l'époux
ou aimer son mari, pour l'épouse, c'est découvrir bien évidemment la dimension
personnelle de l'amour; or la découverte de cette dimension personnelle
implique la découverte du mystère de l'autre: l'autre, comme personne, nous
échappe, l'autre ne peut pas nous appartenir comme un objet, parce qu'il y a en
lui une dimension irréductible d'infinité, qui exclut toute possession. Le mystère
de l'autre personne renvoie ainsi inéluctablement à l'Autre, à cette présence
de Dieu en elle, qui est le secret de toute personne. L'autre ne nous
appartient pas, parce qu'il ne peut appartenir qu'à Dieu. Ainsi, aimer, en
acceptant que l'autre soit de Dieu et pour Dieu, inclut un renoncement, une
distance, qui laisse libre cours à la présence de Dieu.
Le célibat est la
réalisation nécessaire de cette
dimension interne de distance et de renoncement que comporte toute relation
conjugale et amoureuse. Sans le témoignage du célibat, l'amour conjugal risque
de se perdre dans la jouissance et l'insignifiance. Le célibat sauve, en un
sens, l'amour humain du repliement sur soi et de l'égoïsme; inversement,
d'ailleurs la fécondité du couple, qui n'est pas seulement biologique, rappelle
au célibat pour le Seigneur la nécessaire fécondité apostolique, sans laquelle
le renoncement pour Dieu risquerait de n'être que mensonge ou illusion.
- Ensuite,
le célibat pour le royaume a une dimension
christologique : il invite celui qui s'engage à le pratiquer dans la
chasteté, à mieux suivre le Christ.
La vie chrétienne de tout baptisé est
fondamentalement imitation du Christ; mais cela
est encore plus vrai du prêtre. Le prêtre est un autre Christ, non
seulement, comme tous les baptisés, spirituellement, mais réellement, puisqu'il
agit, au moins dans ses fonctions sacramentelles, comme le Christ lui-même, in persona Christi. C'est pourquoi le
prêtre plus que tout autre chrétien doit s'engager à imiter et à suivre le
Christ dans toute sa vie, en se donnant comme Lui totalement au Père. C'est ce
don total au Père, cette relation pleinement vécue au Dieu qui est en nous, que
le célibat rend possible.
- Enfin,
le célibat a une dimension eschatologique
: il témoigne du sens véritable du corps, promis à la vie éternelle.
Le
corps est une composante irréductible de la personne humaine, à la fois
charnelle et spirituelle. Les corps ressuscités, n'ayant plus besoin de se
reproduire, perdront l'exercice de la sexualité, mais non la dimension sexuelle
elle-même, puisque hommes et femmes, dans la vie éternelle, conserveront leur
être sexué. Les corps ressuscités seront comme
des anges : non pas des anges mais comme des anges, et vivront une
communion fraternelle en Dieu et par Dieu d'une manière inédite, qui réalisera
pleinement la communion des personnes. Le célibat est, dès ici-bas, le
témoignage et le signe que le corps, dans son être sexué, est fait pour la vie
éternelle. Il ne s'agit pas d'un mépris ou d'un refoulement de la sexualité, comme
le croient les imbéciles, mais, au contraire, d'une purification, d'un
achèvement et d'une exaltation du corps.
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