lundi 19 novembre 2012

Quelle forme de générosité ?


Depuis mon dernier message, de nombreuses actualités ont eu lieu dans l'Eglise, concernant les bienfaits de la Nouvelle Evangélisation, et l'anniversaire du cinquantenaire du Concile Vatican II. En France, les actualités sociétales ont pris le dessus, mais de nombreuses voix se sont élevées parmi nos évêques que nous devons soutenir. Vous trouverez d'ailleurs à la fin de ce billet une expression sincère de mon soutien à leur égard.
 
Voici quelques extraits de l'homélie dite pendant la messe du samedi 17 novembre en l'église Saint François-Xavier, pour les donateurs de l'association Des prêtres pour toutes les nations, à laquelle j'ai été invité comme célébrant (l'homélie sera publiée sur le site www.dptn.org que je vous invite à visiter).
 
« Allez donc ! De toutes les nations, faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ».
 « Allez dans toutes les nations », c’est-à-dire, partout où vivent des hommes et des femmes. La mission que le Christ a confiée aux Apôtres et à toute l’Eglise est donc universelle. (...)
Vingt siècles plus tard, nous nous rendons compte que cette période n’est pas révolue, bien au contraire. On parle de la nouvelle évangélisation. Non pas pour dire que la première évangélisation, celle des Apôtres, a raté : elle a porté des fruits durables, l’existence de l’Eglise en témoigne. Mais pour dire que la Pentecôte, c’est-à-dire l’action de l’Esprit Saint dans et à travers les Apôtres dans le monde, n’est pas un évènement enfermé dans le passé, mais un évènement qui ne cesse de régénérer l’Eglise à travers les siècles.

 Pourtant, on voudrait nous faire penser aujourd’hui que l’Esprit Saint se serait peut-être essoufflé ? Depuis des années, on parle d’un manque préoccupant de prêtres dans notre pays. On nous dit, ici ou là, et cela est peut-être vrai d’ailleurs, que l’âge moyen des prêtres serait de 75 ans, ou bien qu’il y aurait 10 fois plus de décès de prêtres que d’ordinations sacerdotales en France. (...)

 Ce n’est pas une question de statistiques. Il serait vain de nier la gravité de la situation, et en particulier en Europe. Mais nous ne pouvons pas non plus oublier ce que le Seigneur a dit à ses Apôtres avant de les envoyer dans toutes les nations : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » et juste avant de monter aux Cieux : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Ce sont deux arguments, de foi certes, mais qui nous aident à ne pas nous décourager, bien au contraire.
 
(...)

 Elle est là, car « tout pouvoir lui a été donné au Ciel et sur la terre ».

 Elle est là, parce qu’elle n’est pas une affaire simplement humaine, mais elle est la présence de Dieu en ce monde, elle est le Corps mystique du Christ.

 Elle est là, parce que Dieu la soutient, mais aussi parce que nous faisons ce que nous pouvons et que nous répondons avec générosité aux appels du Christ.

La générosité : voilà ce que le Seigneur nous réclame, voilà ce qui lui permet d’agir pour redresser la situation. Souvenons-nous de l’Evangile : alors que Jésus prêchait devant les multitudes sur la montagne, il eut pitié de ses gens qui étaient venus, car ils n’avaient pas de quoi manger. La situation était critique. Ils étaient 5000 hommes dit l’Evangile. Les Apôtres étaient dans le désarroi. Il y avait bien un enfant qui possédait 5 pains et 2 poissons. « Mais qu’est-ce que cela pour tant de monde » s’écria André. Oui, c’était peu, et pourtant, c’était précisément ce dont le Christ avait besoin pour agir. Il y a là quelque chose de déroutant. Comment le Créateur du Ciel et de la Terre peut-il avoir besoin de 5 pains et 2 poissons pour réaliser son miracle. Ne pouvait-il pas les produire depuis rien, comme lorsqu’il a créé l’univers. Eh bien non, il avait besoin de la générosité de cet enfant. Sans cela, pas de miracle, mais avec cela, le miracle a eu lieu.

 

Ce n’est donc pas tant que le Christ ait besoin de ceci ou de cela, il a fondamentalement besoin de notre générosité, de notre capacité d’aimer de façon désintéressée, de nos 5 pains et 2 poissons, de ce que nous soyons capables de nous aimer les uns les autres de façon concrète. « C’est l’amour de sa créature que le Créateur de l’univers réclame » aimait dire sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Rien que cela, mais tout est là.

 

Et quelle forme de générosité le Seigneur attend de nous pour qu’il puisse agir et faire des miracles ?

 

Naturellement, en premier lieu la prière. C’est ce que l’on dit souvent, mais c’est parce qu’il s’agit d’une vérité venant de l’Evangile. C’est en effet un conseil que le Seigneur lui-même a donné : « priez le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson ». Sans la prière, aucune œuvre surnaturelle ne peut se réaliser. C’est la manière la plus importante de coopérer aux œuvres de Dieu.

 (...)
 
Mais il y a plus. Lorsque le Seigneur envoya les Apôtres en mission, il leur dit de ne pas prendre de sandale ou de tunique, pour bien leur montrer qu’ils doivent d’abord mettre leur confiance dans la Providence divine. Puis il les envoie de nouveau, et semble leur donner une indication contraire : « Celui qui a 2 tuniques, qu’il les prenne ». Cela pourrait paraître une contradiction, mais il s’agit d’un enseignement progressif de notre Seigneur. En premier lieu, la confiance dans la Providence de Dieu, donc optimisme parce que Dieu est avec nous, mais ensuite l’obligation d’utiliser tous les moyens à notre disposition.

 Que puis-je alors faire pour l’Eglise ? Eh bien, tout ce qui est à ma disposition est non seulement utile, mais aussi nécessaire.

 Les moyens financiers et matériels, bien sûr. Un Père de l’Eglise, Clément d’Alexandrie, disait :

 « Celui qui donnera à boire à l'un de mes disciples, même un simple verre d'eau fraîche, ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42)... C'est le seul salaire qui ne perdra pas sa valeur un jour : « Faites-vous des amis avec le malhonnête argent, afin qu'au jour où vous disparaîtrez, ils vous reçoivent dans les demeures éternelles ». Les richesses dont nous disposons ne doivent pas ne servir qu'à nous ; avec des biens injustes on peut faire une œuvre juste et salutaire, et soulager l'un de ceux que le Père a destinés à ses demeures éternelles... Qu'elle est admirable, cette parole de l'apôtre Paul : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Co 9,7), celui qui fait l'aumône de bon cœur, qui sème sans compter afin de moissonner aussi abondamment, et qui partage sans murmure, hésitation ou réticence... »

Mais la générosité a aussi des formes multiples. Elle est un don de soi aux autres. Qui sait si le bon exemple de charité et de dévouement que nous pouvons donner aux jeunes dans les menus détails de la vie quotidienne ne les aidera pas à vivre eux-mêmes la charité chrétienne, et pourrait même aider certains d’entre eux à saisir l’appel au sacerdoce.

 Avant de conclure, je voudrais aussi parler de cette autre forme de générosité : celle de la défense des valeurs qui sont au fondement de la vie humaine et de la vie sociale. On parle aujourd’hui du « mariage pour tous ». Mais qu’est-ce que le mariage alors dans ces conditions ? Il faudra bien le redéfinir, car de ce « mariage »-là, on n’en parle ni dans la Bible ni dans les dictionnaires qui ont précédé notre époque.

 Eh bien, défendre la véritable nature du mariage, celle entre un homme et une femme, comme on en parle dans les premières pages de la Bible : n’est-ce pas là un service rendu à la société ? Récemment, le Cardinal Vingt-Trois, évêque de Paris, invitait les fidèles à « se manifester » dans la scène publique, dans des tribunes de presse, par la parole, par l’organisation de rencontres, et si un moyen de « se manifester », disait-il, est de « manifester » alors qu’ils manifestent s’ils le veulent.
 
Confions toutes ces intentions à Dieu notre Père au nom de son Fils Jésus-Christ, en lui rendant grâce aussi pour tous les actes de générosité qui ont eu lieu cette année. Amen

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