« Vous êtes toute belle, ô Marie »
En ce jour où notre cœur est
en fête, parce que le ciel est en fête pour
honorer Marie dans son Immaculée Conception, faisons nôtre l’exclamation
d’une des antiennes que propose la Liturgie des Heures : « Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache
originelle n’est pas en vous ». L’Église l’a tirée d’un des plus beaux
livres de l’Ancien Testament, le Cantique des Cantiques : « Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a pas de tache en toi ! » (Ct 4, 7). Par
rapport au texte révélé, la liturgie a introduit deux variantes :
a)
Une personnalisation : à la place de « mon amie », l’antienne spécifie « Marie » ;
b) Une détermination :
l’adjectif « originelle » précise
ensuite de quelle tache il s’agit ;
Immaculée Conception |
Par un privilège spécial, la Vierge Marie a été conçue sans le péché
originel. Tel est le dogme de notre foi catholique que l’Église commémore
aujourd’hui. Dans la joie, en se laissant aller à un enthousiasme qu’elle ne cherche
pas à dissimuler. Bien au contraire, comme elle voudrait qu’il soit encore plus
brûlant ! Car si Dieu a dit sa joie en voyant la beauté de Marie, très
logiquement l’Église lui emboîte le pas. À notre tour, soyons des enfants
fidèles de Marie et de l’Église et passons la journée du 8 décembre à lui dire
notre enthousiasme, surtout par une récitation attentive du chapelet. Nous
pourrons ainsi remonter loin dans le temps, puisque cette fête nous renvoie aux
origines de l’histoire.
Malheureusement, nous
connaissons la suite de l’histoire, l’infidélité de l’homme qui a succombé à la
tentation et commis le péché. Le chapitre 3 de la Genèse montre les
conséquences dramatiques de cette première désobéissance. Adam et Ève perdent
immédiatement la grâce de la sainteté originelle (cf. Rm 3, 23). Ils ont peur
de Dieu (cf. Gn 3, 9-10) dont ils ont conçu une fausse image (cf. Gn 3, 5). L’harmonie
dans laquelle ils avaient été établis par la grâce est détruite et la maîtrise
des facultés spirituelles de l’âme sur le corps brisée (cf. Gn 3, 7). L’union
de l’homme et de la femme est soumise à des tensions (cf. Gn 3, 11-13) et leurs
rapports seront marqués par la convoitise et la domination (cf. Gn 3, 16). L’harmonie avec la création est
rompue : la création visible devient étrangère et hostile. La mort fait
son entrée dans l’histoire de l’humanité (cf.
Rm 5, 12).
Or, Dieu, le Père
Tout-Puissant, est aussi un Père riche en miséricorde. Dans la parabole du fils
prodigue, commentaire autorisé que le Christ fait du récit de la Genèse, Dieu
est pris de pitié devant la misère de son fils, ses entrailles paternelles sont
remuées et il fait le nécessaire pour trouver la bonne solution. Il ne va pas laisser
l’homme dans cet état pitoyable, même s’il l’avait bien mérité. Avec le Fils et
l’Esprit Saint, il a pris une triple décision, en un seul et même décret, comme
la Théologie le signale :
a) Relever la nature humaine
déchue grâce à l’Incarnation de son Fils, vrai homme ;
b) Tirer l’humanité de son
état de prostration et lui rendre ses privilèges perdus ;
c) Préserver la Vierge Marie
pour que, dès sa conception, elle soit « comblée de grâce ».
C’est pourquoi le premier
« Opus Dei » est notre Mère du ciel. Aujourd’hui, nous sommes invités
à la contempler, pour mieux comprendre le dessein originel de Dieu et la
perfection de la première création. Elle-même dira dans son hymne de louange
chez Élisabeth : « Le Puissant
fit pour moi des merveilles ». C’est le sens de toutes les fêtes
mariales du calendrier, assez nombreuses et bien réparties sur l’année. Suivons-les
avec beaucoup d’amour, sachant que chacune met en lumière une de ses qualités,
donc un des dons que Dieu lui a faits.
En même temps, et c’est
notre conclusion, rappelons-nous que Dieu nous invite nous aussi à la sainteté,
qu’il veut réaliser en nous la même œuvre qu’il a faite en Marie en la
préservant du péché. Nous sommes
destinés à la plénitude de la grâce et de la vie chrétienne. Décidons-nous
aujourd’hui à raviver le désir de la sainteté qui doit être comme le moteur de
notre vie ordinaire, d’une sainteté entendue comme plénitude de l’amour. Le
dessein originel de Dieu était de faire entrer nos premiers parents dans sa vie
intime et son dessein restauré, la Rédemption, est de nous y faire entrer nous
aussi.
Puisse la Vierge Marie, notre Mère, faire déborder sur
nous la plénitude de grâce
dont elle a été comblée dès sa conception !
Par l'abbé Alphonse Vidal.
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