Saint Joseph, par la
révélation d’un ange, a pris connaissance du mystère rédempteur : Marie,
sous l’action miraculeuse du Saint-Esprit, a engendré « un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui
sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21). Comme tant de justes en
Israël après maintes tribulations, Joseph attendait la délivrance définitive du
péché, la consolation du peuple élu par l’arrivée triomphante du Messie.
Petit à petit, Joseph a
approfondi dans la mission rédemptrice
de Jésus ; sans connaître l’événement du Calvaire, le Patriarche de la
nouvelle alliance a perçu, à travers les prophéties bibliques, que Jésus
porterait les péchés du monde et remporterait la victoire sur Satan.
Joseph n’a pas vu le bois
de la croix rédemptrice, mais pendant longtemps il a travaillé sur la même
matière. Il a transporté des poutres lourdes, il a assemblé des planches, il a
manié les clous en bois ou en fer… D’ailleurs il a dû voir un certain nombre de
suppliciés à son époque. Sans le savoir, il était familier du futur autel
choisi par le Prêtre Souverain pour la grande expiation.
Saint Augustin signale à trois
reprises que la croix du Seigneur a été « la souricière du diable »: le piège pour neutraliser l’ennemi,
qui « en attrapant sa chair a été
vaincu » (sermon 265-D §5).
Effectivement, la croix comporte mort, humiliation,
anéantissement ; le diable, avide de mort, a ourdi sa stratégie dans
ce but, afin de frustrer la prétention
salvifique de Jésus. Mais le Sauveur a accepté le défi, sans reculer devant la
haine meurtrière de ses adversaires terrestres et infernaux ; il a « joué le jeu » de l’amour qui
délivre.
En acceptant la mort sur
la croix, Jésus déjouait le stratagème infernal : sa mort a été le prix du rachat et la porte du triomphe. L’amour a été
plus fort que l’enfer. La croix, le piège de la haine.
Robert Campin, fin
peintre flamand du début du XVe siècle, a représenté Joseph travaillant dans
son atelier de Nazareth ; la scène occupe le panneau droit d’un petit triptyque
conçu comme retable ; deux versions sont exposées, respectivement au Musée
Royal de Bruxelles et au Metropolitan de New York.
Sur le plan de travail et
encore sur l’embrasure de la fenêtre, le peintre a placé deux souricières, en allusion
à la métaphore augustinienne. Joseph prépare le piège. Comme fidèle précurseur,
il lui a été donné, tel que le rappelait Jean-Paul II en reprenant la
tradition, de « participer
à l'économie du salut » (Exh. Redemptoris
Custos §1).
Par l'abbé Fernandez.
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