Le Christ en Gloire |
Dès la veillée pascale,
l’alléluia retentit. Dans l’Année de la foi, nous pouvons approfondir cette acclamation
devant la délivrance.
Jésus a brisé, pour lui-même, le joug acerbe de la
mort ; et pour nous, aussi celui du péché, du diable et de l’enfer. L’exclamation
jaillit pleine de reconnaissance et de fierté : notre Sauveur se révèle plus
fort que le mal. L’alléluia module harmonieusement le triomphe pascal de
l’amour.
Le peuple élu l’utilise
souvent dans les psaumes, parfois au début et à la fin, comme une invitation
impérative à tout le peuple : « Louez le Seigneur ! ».
Jésus l’a répété avec ferveur : à la mémoire de la création et de l’exode,
pour la Loi du Sinaï et la possession de la Terre Promise, dans l’espérance du
royaume éternel de David. « Bénis, mon âme, le Seigneur » (Ps 104,
1).
Une louange due à l’Unique, bien qu’elle reste toujours en deçà de sa
magnificence : la miséricorde, la sagesse, le pouvoir qu’il a déployé dans
l’histoire du salut. Dans les lèvres du Fils, vrai héritier spirituel de David,
l’alléluia prend parfum d’éternité.
L’alléluia chrétien est un cri eucharistique devant le
Ressuscité. L’amour du Père a glorifié le corps du Fils, en retour du sang
précieux versé par amour. La chair immortelle du Ressuscité a réveillé la foi
au Cénacle, embrasé les cœurs à Emmaüs, rempli les filets à Génésareth. Les
noces du Fils avec son Église se préparent ; la résurrection des fidèles, à la
fin des temps, commence déjà dans leur Chef.
« Alléluia ! … Réjouissons-nous, soyons dans l'allégresse
et rendons-lui gloire, car voici les noces de l'agneau » (Apocalypse 19, 6-7). L’alléluia, formule de victoire, devient comme la
marche nuptiale de l’Église.
La toile « Le Christ en gloire » d’Annibal
Carrache, peintre de la deuxième Renaissance bolonaise (1583), montre le
bonheur de l’Église pour la Résurrection, avec une silhouette significative de
la basilique Saint-Pierre. Après l’Ascension, les fidèles garderont vivant le mémorial de la foi, en attente de
la deuxième venue du Rédempteur. Le
regard rivé vers l’éternité, l’Épouse avance dans son pèlerinage terrestre.
Dans la liturgie de la
Parole, l’alléluia rythme l’accueil de l’Évangile, où Jésus vivant parlera. Les
fidèles se mettent debout, comme les vierges sages : « Voici l’Époux
! Sortez à sa rencontre ! » (Matthieu 25, 6). Chaque alléluia est un pas vers la rencontre
définitive. Un de ces « gémissements inexprimables » (Romains 8, 26), articulés à l’unisson
avec le Sauveur, et qui remplit les temples et les rues (Tobit 13, 18).
L’alléluia marque la prière
publique et privée des chrétiens d’Orient et d’Occident : avec de
nombreuses variantes, il ponctue antiennes et psaumes ; accompagne la
louange mariale. Dans la conversation courante, il exprime le soulagement. En
botanique, il désigne des plantes, dont les feuilles trifoliées, cordiformes,
entourent les fleurs. Il a imprégné la culture, inspirant compositeurs, cinéastes,
parfumeurs, couturiers et gastronomes.
« J'entendis comme la grande rumeur d'une foule
immense qui, dans le ciel, disait : Alléluia ! Le salut, la gloire et
la puissance sont à notre Dieu » (Apocalypse 19, 1). Le grandiose alléluia céleste se prolonge dans les
petits alléluias de notre vie quotidienne.
« Louez de tout votre être : avec la conscience, la vie, les
œuvres » (saint Augustin, Sur le Psaume 148
§2). La vie du chrétien est un alléluia permanent, qui résonne jour et nuit.
Le ciel se réjouit de notre chant mais attend surtout « la bonne
conduite de tes œuvres » (saint Augustin, Sur le Psaume 149 §2).
Par l'abbé Fernandez.
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