lundi 22 avril 2013

L’alléluia nuptial


alleluia - temps pascal - résurection - DPTN - prêtre
Le Christ en Gloire
 
 
Dès la veillée pascale, l’alléluia retentit. Dans l’Année de la foi, nous pouvons approfondir cette acclamation devant la délivrance.
 
Jésus a brisé, pour lui-même, le joug acerbe de la mort ; et pour nous, aussi celui du péché, du diable et de l’enfer. L’exclamation jaillit pleine de reconnaissance et de fierté : notre Sauveur se révèle plus fort que le mal. L’alléluia module harmonieusement le triomphe pascal de l’amour.
 


 
Le peuple élu l’utilise souvent dans les psaumes, parfois au début et à la fin, comme une invitation impérative à tout le peuple : « Louez le Seigneur ! ». Jésus l’a répété avec ferveur : à la mémoire de la création et de l’exode, pour la Loi du Sinaï et la possession de la Terre Promise, dans l’espérance du royaume éternel de David. « Bénis, mon âme, le Seigneur » (Ps 104, 1).
 
Une louange due à l’Unique, bien qu’elle reste toujours en deçà de sa magnificence : la miséricorde, la sagesse, le pouvoir qu’il a déployé dans l’histoire du salut. Dans les lèvres du Fils, vrai héritier spirituel de David, l’alléluia prend parfum d’éternité.

 Les premières assemblées du culte chrétien l’ont adopté immédiatement. L’apôtre saint Jean le reflète en décrivant la liturgie céleste : « Amen, alléluia ! » (Apocalypse 19, 4). Ceux qui ont été renouvelés par l’alliance nouvelle entonnent à juste titre le « chant nouveau » (Psaume 149, 1). « Ces jours-ci, quand nous entendons l’alléluia, notre esprit se transforme. Nous savourons un je ne sais quoi de la cité céleste » (saint Augustin, sermon 229-B §2).

L’alléluia  chrétien est un cri eucharistique devant le Ressuscité. L’amour du Père a glorifié le corps du Fils, en retour du sang précieux versé par amour. La chair immortelle du Ressuscité a réveillé la foi au Cénacle, embrasé les cœurs à Emmaüs, rempli les filets à Génésareth. Les noces du Fils avec son Église se préparent ; la résurrection des fidèles, à la fin des temps, commence déjà dans leur Chef.

« Alléluia !  … Réjouissons-nous, soyons dans l'allégresse et rendons-lui gloire, car voici les noces de l'agneau » (Apocalypse 19, 6-7). L’alléluia, formule de victoire, devient comme la marche nuptiale de l’Église.

La toile « Le Christ en gloire » d’Annibal Carrache, peintre de la deuxième Renaissance bolonaise (1583), montre le bonheur de l’Église pour la Résurrection, avec une silhouette significative de la basilique Saint-Pierre. Après l’Ascension, les fidèles garderont  vivant le mémorial de la foi, en attente de la deuxième venue du Rédempteur.  Le regard rivé vers l’éternité, l’Épouse avance dans son pèlerinage terrestre.

Dans la liturgie de la Parole, l’alléluia rythme l’accueil de l’Évangile, où Jésus vivant parlera. Les fidèles se mettent debout, comme les vierges sages : « Voici l’Époux !  Sortez à sa rencontre ! » (Matthieu 25, 6). Chaque alléluia est un pas vers la rencontre définitive. Un de ces « gémissements inexprimables » (Romains 8, 26), articulés à l’unisson avec le Sauveur, et qui remplit les temples et les rues (Tobit 13, 18).

L’alléluia marque la prière publique et privée des chrétiens d’Orient et d’Occident : avec de nombreuses variantes, il ponctue antiennes et psaumes ; accompagne la louange mariale. Dans la conversation courante, il exprime le soulagement. En botanique, il désigne des plantes, dont les feuilles trifoliées, cordiformes, entourent les fleurs. Il a imprégné la culture, inspirant compositeurs, cinéastes, parfumeurs, couturiers et gastronomes.

« J'entendis comme la grande rumeur d'une foule immense qui, dans le ciel, disait : Alléluia ! Le salut, la gloire et la puissance sont à notre Dieu » (Apocalypse 19, 1). Le grandiose alléluia céleste se prolonge dans les petits alléluias de notre vie quotidienne. 

« Louez de tout votre être : avec la conscience, la vie, les œuvres » (saint Augustin, Sur le Psaume 148 §2). La vie du chrétien est un alléluia permanent, qui résonne jour et nuit.  Le ciel se réjouit de notre chant mais attend surtout «  la bonne conduite de tes œuvres » (saint Augustin, Sur le Psaume 149 §2).
 
Par l'abbé Fernandez.

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