L’agneau d’expiation faisait
partie de la pâque juive et des prophéties messianiques. Les traditions intertestamentaires évoquaient un agneau vainqueur du mal et qui régnerait
sur les justes. Au baptême de Jésus, Jean Baptiste a perçu dans cette image la
personne et la mission Sauveur (Jean 1,29).
Le lendemain, dans les mêmes
termes, « l’ami de l’Époux »
a présenté le Messie aux premiers disciples. « Voici l'agneau de Dieu » (Jean
1, 36). La foi des disciples s’éveille
et les pousse à suivre le Sauveur. « Jésus se retourne enfin vers eux pour
leur montrer son visage » (saint Thomas, Comm. à l’évangile de Jean, 1, lect. 15). Le regard de l’Agneau,
vive flamme de vérité et de paix, annonce le rachat attendu. « Dans le Christ, Dieu montre son visage, ouvre son Cœur » (Benoît XVI, enc. Sauvés par l’espérance §4).
Par l’image biblique, la
liturgie dévoile les qualités du Rédempteur. Avant la communion, l’Église présente ainsi le corps de Jésus :
« Voici l’Agneau de Dieu ».
Celui qui s’est sacrifié nous est donné, dans une même logique d’amour, en
nourriture : il offre son « repas
de noces » (Apocalypse 19,
9).
Après la glorification de l’agneau immolé, la ferveur
chrétienne bénira sans cesse le rejeton de David, pareil au « jeune lion de Juda » (Genèse 49, 9), plus fort que le vieil
lion infernal. Le Prêtre souverain, le Roi universel, l’Auteur de la vie qui
n’a pas de fin, mérite bien un chant nouveau : « Tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, langue,
peuple et nation. Tu en as fait, pour notre Dieu, un royaume et des prêtres, et
ils régneront sur la terre » (Apocalypse
5, 9-10). Le panneau de L’Agneau mystique
(frères van Eyck, Gand, 1432), classé au
patrimoine mondial, illustre la louange de l’Église autour de la source de vie.
« La foi grandit quand elle est vécue comme
expérience d’un amour reçu et quand elle est communiquée comme expérience de
grâce et de joie » (Benoît XVI, Lettre La porte de la foi §7).
Par ses œuvres, le croyant bénit l’Agneau. La vie chrétienne déploie, dans le
cortège des vertus, un chant de louange au Sauveur. La foi et la contrition, la justice et la vérité, le détachement et
la tempérance, le courage pour évangéliser, la miséricorde... tressent une
litanie glorieuse.
« Il est
digne, l'agneau immolé, de recevoir
puissance, richesse, sagesse, force, honneur,
gloire et louange » (Apocalypse
5, 12).
Cette phrase majestueuse, couronnée
par l’Amen, parachève la troisième série de chœurs du Messie : le célèbre
oratorio de Haendel qui, au chant de l’Alléluia, avait fait tressaillir le roi
George II et, avec lui, l’auditoire entier du Covent Garden de Londres.
Par l'abbé Fernandez.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire