L’outrage à l’Esprit
L’envoi de l’Esprit par le Père
et le Fils est, pour ainsi dire, la priorité du ciel après l’Ascension. Les
disciples du Christ en ont bien besoin pour cheminer ; de même, ceux qui
n’ont pas connu sur terre le Sauveur ; encore plus ceux qui volontairement
ont rejeté la foi.
Une scène de haine contre la
vérité apparaît dans la toile du Hollandais Matthias Stormer, « Jésus devant Caïphe » (1630), avec
vivacité de contrastes.
La liberté, don de Dieu, est un
risque formidable. Adam, Caïn, les citoyens de Babel, Judas, les idolâtres
d’hier et d’aujourd’hui, y compris nous-mêmes, avons rejeté le Créateur :
sa loi et sa grâce.
Si le diable est père de mort, l’Esprit
Saint dissout son œuvre. Faute de tel Avocat, « l’accusateur… jour et nuit » (Apocalypse 12, 10) déversera sa hargne. Sans le Consolateur, « rien ne subsiste dans l'homme qui ne soit
péché » (Hymne Viens, ô
Saint-Esprit).
La miséricorde divine attend
toujours. Fermement, « le mystère de
la piété s’oppose au mystère de l’iniquité » (Jean-Paul II, encyclique Le Seigneur qui donne la vie §47). Mais le
pécheur récalcitrant se met dans une situation déplorable ; aggravée par
« l’endurcissement, elle peut
conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle » (Catéchisme de l’Église Catholique §1864).
Le péché contre le Saint-Esprit
est une monstruosité possible. Certains pharisiens ont osé attribuer une
origine diabolique aux pouvoirs saints de Jésus ; ils ont reçu une réponse
catégorique : « Le blasphème
contre l’Esprit ne sera pas remis… ni en ce monde ni dans l'autre » (Matthieu 12, 31-32). On peut rester
inaccessible au pardon.
L’homme qui exclut la rémission
« souille le Sang de l’Alliance…
outrage l’Esprit de grâce » (Hébreux 10, 29).
Ce n’est plus le soupçon envers Dieu, réputé dangereux pour mon bien, mais
encore la condamnation de Dieu comme digne d’être éteint. « Le ‘droit’ de persévérer dans le mal… le
refus de la Rédemption » (Jean-Paul II, encyclique Le Seigneur qui donne la vie §46).
La perte du sens de l'offense
commise contre Dieu, qui « va de
pair avec la ‘perte du sens de Dieu’ » (Jean-Paul II, encyclique Le Seigneur
qui donne la vie §47), est déplorée par l’Église
depuis un siècle.
Nous implorons, avec la droiture
de la raison et la lumière de la foi vive, le « don de crainte filiale » : l’horreur de nous éloigner du
seul Saint et de sa bonté. Les mystères de douleur de Jésus éclairent l’effort
expiatoire du Sauveur pour nous sortir du gouffre de l’impénitence. La
compassion de Marie l’a bien perçu.
Dans
l’Année de la foi, nous demandons que l’Esprit d’adoption filiale brise les
liens de l’orgueil et montre à tous la liberté de l’adoration.
Sans l’Esprit il n’y a qu’esclavage ; avec lui, la conscience s’éclaire,
la volonté se libère, l’homme grandit. Chassé l’Esprit, l’homme tombe en ruine,
emmuré dans la prison du moi, privé de l’image divine.
Nous
prions encore pour que l’Esprit de justice remplisse la terre et la société.
« Le Saint-Esprit accomplit dans le
monde les œuvres de Dieu. C'est Lui qui lave les souillures, guérit les
blessures, incendie les froideurs, redresse les erreurs et conduit les hommes
au port du salut et de la joie éternelle » (saint Josémaria, Quand le Christ passe §130).
Par l’abbé
Fernandez.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire