mardi 11 juin 2013

La Communion comble les faibles.

Le Pain des pauvres

Geste sans précédent dans l’histoire de l’Église, une adoration planétaire synchronisée a ponctué la solennité du Corps et du Sang du Christ. La nouvelle évangélisation ne saurait pas oublier « l’évangile » de l’Eucharistie. 

On a pu dire que ce sacrement central était implicite dans le credo, qui confesse le « Dieu tout-puissant » ; de nos jours, avec une meilleure connaissance de la Tradition primitive, on l’identifie sans peine dans l’article sur « la communion des saints » : « les choses saintes » par excellence sont les espèces consacrées dans le sacrifice de l’autel (Catéchisme §1331).

Juste après la prière eucharistique, le célébrant invite à l’audace filiale : la prière du Seigneur fera demander « le pain quotidien ». Avec tendresse de Père, l’Éternel fournit la nourriture en temps voulu.  Certainement le fidèle se déclare indigne, mais l’Église-Mère lui commande de revêtir le Christ, par la confession, pour recevoir le Corps Saint au moins une fois par an (Catéchisme §2042). Chacun essaye de multiplier cette nourriture, dans la mesure du possible, au moins par le désir : la communion spirituelle est accessible à tous, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Communion - Eucharistie - Hostie - Vie Eternelle - DPTN - Prêtre

Le Liégeois Lambert Lombard, dans la première moitié du XVIe siècle,  a saisi avec faste l’heureuse multiplication des pains, présage de l’Eucharistie pascale. En effet, plusieurs dénominations du sacrement de communion mentionnent « le pain ». Jésus lui-même a parlé du « pain vivant qui descend du ciel » et qui y conduit, en préparant à la vie éternelle (Jean 6, 51-52). Aussi, l’image du psalmiste : « le pain des anges » (Psaume 78, 25), qui nous incorpore à la table de Dieu et à la cité céleste. Ou l’expression évangélique : « le pain des enfants » qu’il ne sied pas de jeter aux chiens (Matthieu 15, 26) et qui doit être reçu avec la « robe nuptiale », en  état de grâce (Catéchisme §1385). La liturgie emprunte encore les éloges sur la manne de l’exode : « un pain qui renferme toute délice et adapté à tous les goûts » (Sagesse 16, 20).

« Toute délice » : la grâce sanctifiante, la foi et les autres vertus, ainsi que les dons pour grandir, servir les frères et persévérer jusqu’au bout. Acmé de la vie chrétienne, la Communion est gage du bonheur éternel : la Pâque définitive. Le fidèle devient un paradis pour son Dieu.

La sainte Communion nourrit le chrétien, en fortifiant la charité, qui tendrait à s’affaiblir par la raideur du chemin. Cet amour nous rend capables de nous donner sans mesure, en devenant une « hostie vivante » (Romains 12, 1), pour témoigner du Christ dans la vie quotidienne. Devenus plus amoureux du Christ, « plus il nous est difficile de rompre avec lui » (Catéchisme §1395). Sa flamme protège des tentations et des chutes mortelles pour la vie de grâce ; en plus, la charité accrue purifie le cœur des péchés véniels ou des attachements désordonnées. 

« Le pain des indigents, c’est la vie des pauvres » (Siracide 34, 25). Afin de se donner aux faibles, le Roi de gloire devient fragile dans l’Hostie. Les pauvres, dans leur faim de grâce, sont rassasiés royalement, comme dans le repas plantureux offert au fils prodigue. La Communion devient richesse pour « le serviteur pauvre et humble » (Liturgie des Heures, hymne Sacris sollemnis), qui devient prompt pour « servir les pauvres » (Catéchisme §1397). Le pain de délices comble les pauvres.


Par l'abbé Fernandez

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