Le Pain des pauvres
Geste sans précédent dans l’histoire de
l’Église, une adoration planétaire synchronisée a ponctué la solennité du Corps
et du Sang du Christ. La nouvelle évangélisation ne saurait pas oublier
« l’évangile » de l’Eucharistie.
On a pu dire que ce sacrement central était
implicite dans le credo, qui confesse le « Dieu
tout-puissant » ; de nos jours, avec une meilleure connaissance de la
Tradition primitive, on l’identifie sans peine dans l’article sur « la
communion des saints » : « les choses saintes » par
excellence sont les espèces consacrées dans le sacrifice de l’autel (Catéchisme §1331).
Juste après la prière eucharistique, le
célébrant invite à l’audace filiale : la prière du Seigneur fera demander
« le pain quotidien ». Avec tendresse de Père, l’Éternel fournit la
nourriture en temps voulu. Certainement
le fidèle se déclare indigne, mais l’Église-Mère lui commande de revêtir le
Christ, par la confession, pour recevoir le Corps Saint au moins une fois par
an (Catéchisme §2042). Chacun essaye
de multiplier cette nourriture, dans la mesure du possible, au moins par le
désir : la communion spirituelle est accessible à tous, vingt-quatre
heures sur vingt-quatre.
Le Liégeois Lambert Lombard, dans la première
moitié du XVIe siècle, a saisi
avec faste l’heureuse multiplication des pains, présage de l’Eucharistie
pascale. En effet, plusieurs dénominations du sacrement de communion
mentionnent « le pain ». Jésus lui-même a parlé du « pain vivant
qui descend du ciel » et qui y conduit, en préparant à la vie éternelle (Jean 6, 51-52). Aussi, l’image du
psalmiste : « le pain des anges » (Psaume 78, 25), qui nous incorpore à la table de Dieu et à la cité
céleste. Ou l’expression évangélique : « le pain des enfants »
qu’il ne sied pas de jeter aux chiens (Matthieu
15, 26) et qui doit être reçu avec la « robe nuptiale », en état de grâce (Catéchisme §1385). La liturgie emprunte encore les éloges sur la
manne de l’exode : « un pain qui renferme toute délice et adapté à
tous les goûts » (Sagesse 16,
20).
« Toute délice » : la grâce
sanctifiante, la foi et les autres vertus, ainsi que les dons pour grandir,
servir les frères et persévérer jusqu’au bout. Acmé de la vie chrétienne, la
Communion est gage du bonheur éternel : la Pâque définitive. Le fidèle
devient un paradis pour son Dieu.
La sainte Communion nourrit le chrétien, en
fortifiant la charité, qui tendrait à s’affaiblir par la raideur du chemin. Cet
amour nous rend capables de nous donner sans mesure, en devenant une
« hostie vivante » (Romains
12, 1), pour témoigner du Christ dans la vie quotidienne. Devenus plus amoureux
du Christ, « plus il nous est difficile de rompre avec lui » (Catéchisme §1395). Sa flamme protège des
tentations et des chutes mortelles pour la vie de grâce ; en plus, la charité
accrue purifie le cœur des péchés véniels ou des attachements
désordonnées.
« Le pain des indigents, c’est la vie des
pauvres » (Siracide 34, 25).
Afin de se donner aux faibles, le Roi de gloire devient fragile dans l’Hostie.
Les pauvres, dans leur faim de grâce, sont rassasiés royalement, comme dans le
repas plantureux offert au fils prodigue. La Communion devient richesse pour
« le serviteur pauvre et humble » (Liturgie des Heures, hymne Sacris sollemnis), qui devient prompt
pour « servir les pauvres » (Catéchisme
§1397). Le pain de délices comble les pauvres.
Par l'abbé Fernandez
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