L’apôtre
touchant
L’Année de la foi, dans les
fêtes des apôtres, nous rapproche des géants du croire, « qui ont marqué ces deux mille ans de notre
histoire de salut… » (Benoît XVI, lettre La porte de la foi §13). Après
avoir fréquenté le Sauveur, ils ont cru en lui et l’ont annoncé partout, y
compris dans des régions lointaines, comme Thomas.
Pour lui aussi le toucher a
été la voie du salut. « Il a cru en
palpant » les blessures du Ressuscité, observe saint Grégoire (Homélie 26 sur l’évangile §7), dans sa
mémorable prédication pascale de l’an 591 à Saint-Jean du Latran. Le sens le
plus rudimentaire peut devenir une voie de grâce.
L’intelligence, fermée à la
foi, a été éclairée par le Verbe, moyennant les plaies de son Corps. La
sculpture Renaissance d’André du Verrocchio (Florence, vers 1480) est une
puissante réplique de cette scène.
Thomas a ressuscité à la foi. Jadis déçu et incrédule, il guérit au contact du Christ : le pessimisme laisse la place à l’adoration fervente ; l’indifférence, au zèle. L’apôtre, ironisait St Augustin, n’avait pas d’yeux au bout de ses doigts (Homélie 121 sur l’évangile de saint Jean §5). Mais il avait Dieu au bout de sa foi.
De nos jours, le Christ a besoin, dans ce
monde, de témoins croyants et crédibles.
Croyants par le rapprochement au Sauveur et aux frères ; crédibles par
l’amour de Dieu et du prochain. Témoigner
la foi est un acte d’amour ; l’Année de la foi est une aventure
d’amour surnaturel, une « synergie
entre nous et le Saint-Esprit, qui conduit au témoignage » (pape
François, Veillée de la Pentecôte, 18
mai 2013) .
Avant
de s’exprimer par la parole, le témoin parle avec sa vie auprès du Christ
vivant. Près de sa gloire et de sa mort, pour comprendre à fond
l’Évangile ; près de ses plaies, pour être saisi de son amour.
L’évangélisateur se greffe dans le Rédempteur. L’expérience contemplative a
trouvé dans les Saintes Plaies, tantôt un refuge, tantôt une source d’élan. « Par ta
mort très amère, donne-moi la grâce d'une foi droite, d'une ferme espérance et
d'une charité parfaite » (sainte Claire d’Assise, Prière à la plaie du Côté)..
Fort de cette contemplation,
saint Josémaria a bien capté le lien entre le Semeur divin et les semailles du
chrétien : « C’est
avec joie, Seigneur, que nous nous trouvons dans ta main blessée. Serre-nous
bien fort ! Presse-nous: fais que nous abandonnions toute notre misère
terrestre ! Que nous nous purifions, nous enflammions, nous sentions imbibés de
ton Sang ! — Et ensuite, lance-nous au loin, très loin, avec le désir de
moissonner, de faire, par Amour pour toi, des semailles de plus en plus
fécondes » (Forge §5).
Par l’abbé Fernandez.
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