lundi 21 octobre 2013

L’accolade des saints

Le 22 octobre l’Église fêtera pour la dernière fois le bienheureux Jean-Paul, en attendant sa canonisation en avril 2014. Quelques mois plus tard sera béatifié Mgr del Portillo, prélat de l’Opus Dei. Parmi les dizaines d’évêques qui ont reçu l’ordination des mains de Jean-Paul II, il semble être le premier qui recevra l’honneur des autels. Leur parcours commun mérite un souvenir reconnaissant.


Jeune évêque, Mgr Wojtyla participe dès le début au concile Vatican II. Il rencontre souvent son ami et compatriote Mgr Deskur, qui travaille aux bureaux du Saint-Siège. Celui-ci fait à son confrère la présentation d’un expert en droit canonique qui avait joué un rôle majeur dans la  phase préparatoire : l’abbé del Portillo, devenu secrétaire de la commission conciliaire pour le ministère et la vie des prêtres. La rencontre établit rapidement un lien spirituel. Devenu cardinal, l’archevêque de Cracovie offrira sa collaboration éclairée dans des conférences organisées à Rome par les prêtres de l’Opus Dei.

En 1975, del Portillo est élu à la tête de cette institution, où il sera le  digne successeur de saint Josémaria : à la fin de son mandat dans la prélature, environ 800 prêtres auront été ordonnés. De son côté, trois ans plus tard, un 16 octobre, Wojtyla changera la pourpre par l’anneau du pêcheur ; quelques semaines auparavant, avant le conclave du mois d’août, ils avaient déjeuné et prié ensemble à Rome.

À l’époque, Deskur est hospitalisé. Le nouveau pape s’empresse de lui rendre visite, dans une première sortie impromptu du Vatican, le 17 octobre. Par un heureux hasard, del Portillo se trouve là, pour accompagner aussi le vieil ami. Jean-Paul II est ravi de la rencontre. Quelques jours plus tard, del Portillo assure le pape de l’adhésion fervente de l’Opus Dei.

La Saint-Nicolas de 1978 connaît encore une rencontre atypique : del Portillo offre au pape des cadeaux traditionnels en préparation de Noël. En 1980 il suggère au pontife un modèle pour l’effigie de Marie, Mère de l’Église, qui sera installée dans une mosaïque donnant sur la place Saint-Pierre (J. Medina, Alvaro del Portillo, 2012). Actif consulteur du Saint Siège, il sera nommé évêque à la fin de 1990, à l’âge de 76 ans, après avoir refusé cette dignité, par modestie, pendant presque dix ans. Apprenant le décès de Mgr del Portillo, le 23 mars 1994, Jean-Paul II, dans un geste paternel, ira se recueillir devant la dépouille de l’ami.

Del Portillo attend sa béatification, après la canonisation de Jean-Paul II. Plusieurs témoignages graphiques rassemblent ces deux géants du XXe siècle, qui ont été protagonistes, chacun à sa place, de l’après-concile.

Le 6 janvier 1991, Del Portillo reçoit l’ordination épiscopal à la basilique Saint-Pierre : l’un des rites prévoit la remise de la crosse, symbole de l’autorité pastorale. Le consécrateur principal, Jean-Paul II, offre l’insigne au candidat ; pendant quelques instants les deux mains s’agrippent à la même crosse. Un geste éloquent de la communion hiérarchique : chaque évêque, possédant son autorité propre, est intrinsèquement uni avec l’évêque de Rome ; tous sous la houlette du Christ, Pasteur souverain.


L’année suivante, Jean-Paul II béatifie à Rome le prélat Josémaria Escriva et la religieuse Joséphine Bakhita. Entre autres personnalités, Mgr del Portillo concélèbre à côté du pape. Le lendemain, 18 mai 1992, Jean-Paul II (qui fête ses 72 ans) accorde une audience spéciale aux pèlerins ; la rencontre avec l’évêque-prélat de l’Opus Dei est scellée avec une accolade historique. 

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