Le 6 octobre 2002 le pape
Jean-Paul II canonisa saint Josémaria Escriva ; une date heureusement
proche de l’anniversaire de la fondation de l’Opus Dei, le 2 octobre.
Ce mardi de 1928, près du
centre-ville de Madrid, la matinée tempérée écoute le tintement des cloches
pour les offices. Le jeune abbé Escriva est en retraite ; depuis dix ans
il demande à Dieu de lui manifester sa volonté ; après la messe, il médite
dans sa chambre ; il parcourt de notes écrites devant ses yeux et de nombreux
souvenirs dans sa prière. Soudain, comme un puzzle qui se serait rassemblé d’un
coup, il perçoit dans son esprit un spectacle grandiose : la
sanctification des chrétiens au beau milieu du monde. Un flash éblouissant qui
vient directement du Cœur rédempteur de Jésus.
L’Opus Dei est fondé par Dieu
dans l’âme du jeune abbé. Par la fenêtre ouverte arrive le carillon d’un
clocher. Le protagoniste le raconte : « J’ai reçu l’illumination sur
l’Œuvre tout entière, tandis que je lisais ces papiers. Tout ému,
je me suis agenouillé — j’étais seul dans ma chambre, entre deux causeries —,
j’en ai remercié le Seigneur ; et je me souviens avec émotion du retentissement
des cloches de la paroisse Notre-Dame-des-Anges. »
L’évêché lui offrirait une
de ces cloches : elle est installée dans le sanctuaire aragonais de
Torreciudad, lié à l’enfance de saint Josémaria et dédié aussi à Notre-Dame des
Anges. En 2008, enfin, dans l’église madrilène, le cardinal inaugura une
chapelle en l’honneur de saint Josémaria. Un peintre andalou décora le retable
avec une fresque, qui encadre, sous l’effigie de Notre Dame, un tableau avec le
jeune fondateur à genoux par terre : geste de docilité reconnaissante,
sens d’indignité devant une avalanche de miséricorde.
Beaucoup de lumière brille dans
ce matin d’automne. « Madrid a été mon chemin de Damas, car c’est là
que sont tombées les écailles des yeux de mon âme, et là que j’ai reçu ma
mission ».
Dans son cœur, la certitude s’impose : rendre toute la gloire à Dieu,
étendre le royaume du Christ, édifier l’Église sous le manteau de Marie. L’Opus
Dei est né pour être au service du Peuple de Dieu : du pape, des évêques,
de tous les fidèles.
Impérative et paisible,
l’inspiration divine est arrivée au milieu d’une situation inconfortable :
Escriva vient de déménager à Madrid, où il réalise un ministère dévoué parmi
les plus pauvres ; en même temps que sa thèse en droit civil, il fait des
équilibres financiers pour maintenir sa famille. Plus tard, le fondateur
confiera le « secret » de
son épopée spirituelle : « Il y
avait un jeune prêtre, âgé de 26 ans ; il ne disposait que de la grâce de
Dieu et de la bonne humeur ; point de vertus ni d’argent. Malgré cela, il
devait faire l’Opus Dei. Sais-tu comment a-t-il réussi ? Dans les hôpitaux
de Madrid, avec les malades… Voilà les armes pour vaincre, voilà le trésor pour
payer, voilà l’énergie pour aller de l’avant ! ».
Il se voit comme un grain de
blé, que le Rédempteur envoie aux
carrefours du monde. « C’est avec joie, Seigneur, que nous nous
trouvons dans ta main blessée. Serre-nous bien fort ! Presse-nous: fais que
nous abandonnions toute notre misère terrestre ! Que nous nous purifions, nous
enflammions, nous sentions imbibés de ton Sang !— Et ensuite, lance-nous
au loin, très loin, avec le désir de moissonner, de faire, par Amour pour toi,
des semailles de plus en plus fécondes. » (Forge, § 5).
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