Marie, enceinte du Verbe fait chair, fait écho à la
Parole. Devant Élisabeth, son cœur se dévoile dans un impromptu
inspiré : « Désormais toutes
les générations me diront bienheureuse » (Luc 1,48).
Toutes, y compris les ancêtres les plus humbles. Le cantique virginal embrasse
l’histoire de la miséricorde divine, dans une apothéose de gratitude.
Notre Dame admire ses prédécesseurs justes, mais
elle peut encore penser à d’autres femmes qui, présentes dans la généalogie de
Jésus (Matthieu 1,3-6), ont connu des
souillures.
Au temps des patriarches, Tamar — la Cananéenne
deux fois veuve — fut déçue, humiliée, délaissée : son beau-père, rétif à appliquer les coutumes légitimes, tergiversait
pour lui donner un nouveau mari. Dans son
amertume, la femme ourdit une ruse ignoble. Juda, l’héritier de la promesse,
reconnut enfin : « elle a été
plus juste que moi » (Genèse
38,26). Tamar prolongea la postérité messianique.
À la veille du troisième
millénaire, Jean-Paul II dénonçait véhémentement les abus hédonistes contre les
femmes : « Nous ne pouvons
rester impassibles face à ce phénomène, ni nous y résigner. Il est temps de le
condamner avec force, en suscitant des instruments législatifs appropriés de
défense » (Jean-Paul II, Lettre aux Femmes §5). La défense des droits de la femme fait
partie de l’évangélisation : « Doublement pauvres sont les femmes qui
souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence » (Pape François, La joie de l’Évangile §212).
Aux débuts de la conquête de la Terre promise,
Rahab, la courtisane miséricordieuse, crut dans le « Dieu du ciel et de la terre » (Josué 2,11). Sa foi agissante restera un exemple pérenne (Jacques 2,25 ; Hébreux 11,31) ; épargnée de l’extermination, elle épousera un
membre de la tribu aînée.
Six générations plus tard, dans la Transjordanie, vivait
Rut, lointaine descendante de la parenté d’Abraham. Devenue veuve, elle s’attacha,
dans un élan de loyauté, à sa belle-mère israélite et, par elle, au Dieu Vivant
(Rut 1,16).
Dans la mouvance
romantique des « Nazaréens »,
Jules Schnorr von Carolsfeld, dans sa période de Munich (1828), peignit
l’humble glaneuse : choisie comme épouse par la générosité de Booz, dans
la région de Bethléem, elle ignorait alors la gloire de David, son arrière petit-fils.
Au début de la monarchie
israélite, Bethsabée, épouse d’un guerrier hittite, fut poussée à l’infidélité
par la convoitise du roi ; ensuite elle partagea la pénitence de David et
donna naissance à Salomon, qui la fit asseoir plus tard « dans un trône à sa droite » (1 Rois 2,19).
Des drôles d’aïeules. Dieu choisit parfois les gens
les plus éloignés : païens, étrangers, pécheurs. La
miséricorde brille davantage au sein de la misère. Malgré les ombres, ces
quatre femmes, honorées par l’Évangile, sont un monument à la grâce. L'Église
« désire remercier la Très Sainte Trinité pour le "mystère de la femme" et pour toute femme, pour ce
qui constitue la dimension éternelle de sa dignité féminine » (Jean-Paul
II, Lettre La dignité de la femme, §31).
Des maillons faibles peuvent être insérés dans une chaîne d’or. « Dieu élève les humbles » (Luc 1,52). Même les grands pécheurs sont pardonnés s’ils aiment en vérité.
Marie, Mère pure de miséricorde, contemple
l’histoire, où elle découvre la logique du salut : « le lien intime qui unit l'ordre de l'amour
et l'Esprit Saint » (Jean-Paul II, Lettre La dignité de la femme §29).
Par l'abbé Fernandez.
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