Le buisson enflammé
La piété latine, nourrie de ses docteurs et de « la lumière de l’Orient » (Jean-Paul
II, 1995), découvre de plus en plus la place de Marie, Mère et vierge, dans le
salut. Remplie de vénération filiale, une antienne médiévale, pour la fête de
la Mère de Dieu, en reprenant les anciennes traditions, ose un parallèle
inattendu : « Dans le buisson
non brûlé nous apercevons ta virginité préservée ».
Au mont du Sinaï, le futur chef d’Israël avait
rencontré un signe inattendu d’espoir dans son rude parcours :
« L’ange de l’Éternel lui apparut
dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson. Moïse regarda ; et voici, le buisson
était tout en feu, et le buisson ne se consumait point »
(Exode 3,2). Après la flamme, Moïse
partage la voix, le nom et l’appel divins. La théophanie inédite est bien
enracinée dans la solide tradition patriarcale : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu
d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob » (Exode 3,6). Jésus ne manquera pas de le rappeler (Marc 12,26).
La piété juive a médité ce passage avec
révérence : le buisson fragile, tout en étant éprouvé par le feu, que Dieu
permet, reste indemne par la protection divine. L’humble arbuste est comparé au
peuple d’Israël, à l’âme fidèle : « Fais que je sois ton buisson ! » (Midrash). Leurs artistes ont tenu à le représenter dans des synagogues.
La tradition
chrétienne lit la révélation d’un Dieu proche et libérateur, et trouve des
analogies avec le corps ressuscité de Jésus, avec l’Église remplie de l’Esprit
Saint, et bien sûr avec la maternité virginale de Marie. « Comme sur le
mont le buisson brûlait mais ne se consumait pas, de même la Vierge mit au
monde la lumière mais ne se corrompit pas » (Grégoire de Nysse, Sermon
pour la Nativité).
La fécondité de l’amour humain exige le don réciproque des conjoints ; dans la
logique de la prédilection trinitaire, la maternité virginale devient le sceau
de Dieu. « Les Pères voient dans la conception
virginale le signe que c’est vraiment le Fils de Dieu qui est venu dans une
humanité comme la nôtre » (Catéchisme §496).
Depuis la première antiquité, des moines se sont établis
dans le lieu de l’apparition ; l’empereur Justinien y fit construire un
solide monastère ; consacré au début à la Mère de Dieu, il exprime, dans une
icône de l’époque, le lien entre le buisson et la Mère Vierge. Le motif allait
resurgir en Occident : la cathédrale
d’Aix-en-Provence garde le triptyque monumental de l’Avignonnais Nicolas
Froment (1476). Le panneau central représente Marie et l'Enfant
divin, sur un arbuste de douze souches qui brûle ; en contrebas, Moïse se
déchausse, ébloui.
Le Christ, en
accomplissant la Loi, apporte grâce et vérité ; la Mère de Dieu est le
« vase honorable » de ces
dons de l’Esprit, « qui enveloppa le
sein de la Vierge » (saint Éphrem, Commentaire
de l’Évangile quadriforme). Le chrétien, en adorant le mystère, mûrit et fait
vivre. « Si nous nous identifions à
Marie, si nous imitons ses vertus, nous pouvons obtenir que le Christ naisse,
par la grâce, dans l’âme de beaucoup de personnes qui s’identifieront à lui par
l’action de l’Esprit Saint. Si nous imitons Marie, nous participerons d’une
certaine façon de sa maternité spirituelle » (saint Josémaria, Amis de Dieu §281).
Par l’abbé Fernandez.
En cette nouvelle Année 2014, confions à la très Sainte Marie,
nos intentions et celles des
personnes qui nous entourent.
Belle et Sainte Année à chacun de vous !
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