samedi 4 janvier 2014

La maternité de Marie

Le buisson enflammé



La piété latine, nourrie de ses docteurs et de « la lumière de l’Orient » (Jean-Paul II, 1995), découvre de plus en plus la place de Marie, Mère et vierge, dans le salut. Remplie de vénération filiale, une antienne médiévale, pour la fête de la Mère de Dieu, en reprenant les anciennes traditions, ose un parallèle inattendu : « Dans le buisson non brûlé nous apercevons ta virginité préservée ».

 
Au mont du Sinaï, le futur chef d’Israël avait rencontré un signe inattendu d’espoir dans son rude parcours : « L’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson. Moïse regarda ; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point » (Exode 3,2). Après la flamme, Moïse partage la voix, le nom et l’appel divins. La théophanie inédite est bien enracinée dans la solide tradition patriarcale : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob » (Exode 3,6). Jésus ne manquera pas de le rappeler (Marc 12,26).


La piété juive a médité ce passage avec révérence : le buisson fragile, tout en étant éprouvé par le feu, que Dieu permet, reste indemne par la protection divine. L’humble arbuste est comparé au peuple d’Israël, à l’âme fidèle : « Fais que je sois ton buisson ! » (Midrash). Leurs artistes ont tenu à le représenter dans des synagogues.

 
La tradition chrétienne lit la révélation d’un Dieu proche et libérateur, et trouve des analogies avec le corps ressuscité de Jésus, avec l’Église remplie de l’Esprit Saint, et bien sûr avec la maternité virginale de Marie. « Comme sur le mont le buisson brûlait mais ne se consumait pas, de même la Vierge mit au monde la lumière mais ne se corrompit pas » (Grégoire de Nysse, Sermon pour la Nativité).
 

La fécondité de l’amour humain exige le don réciproque des conjoints ; dans la logique de la prédilection trinitaire, la maternité virginale devient le sceau de Dieu. « Les Pères voient dans la conception virginale le signe que c’est vraiment le Fils de Dieu qui est venu dans une humanité comme la nôtre » (Catéchisme §496).
 

maternité - Marie - Vierge - DPTN - FordefDepuis la première antiquité, des moines se sont établis dans le lieu de l’apparition ; l’empereur Justinien y fit construire un solide monastère ; consacré au début à la Mère de Dieu, il exprime, dans une icône de l’époque, le lien entre le buisson et la Mère Vierge. Le motif allait resurgir en Occident : la cathédrale d’Aix-en-Provence garde le triptyque monumental de l’Avignonnais Nicolas Froment (1476). Le panneau central représente Marie et l'Enfant divin, sur un arbuste de douze souches qui brûle ; en contrebas, Moïse se déchausse, ébloui.
 

Le Christ, en accomplissant la Loi, apporte grâce et vérité ; la Mère de Dieu est le « vase honorable » de ces dons de l’Esprit, « qui enveloppa le sein de la Vierge » (saint Éphrem, Commentaire de l’Évangile quadriforme). Le chrétien, en adorant le mystère, mûrit et fait vivre. « Si nous nous identifions à Marie, si nous imitons ses vertus, nous pouvons obtenir que le Christ naisse, par la grâce, dans l’âme de beaucoup de personnes qui s’identifieront à lui par l’action de l’Esprit Saint. Si nous imitons Marie, nous participerons d’une certaine façon de sa maternité spirituelle » (saint Josémaria, Amis de Dieu §281).
 

Par l’abbé Fernandez.

 

En cette nouvelle Année 2014, confions à la très Sainte Marie,

 nos intentions et celles des personnes qui nous entourent.


Belle et Sainte Année à chacun de vous !

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