« Dieu est pour nous un refuge et un appui »
(Psaume 46,2). De génération en génération la
bienveillance divine protège des maux. « Le Seigneur des armées » est force
dans les combats, citadelle sûre devant les assauts, ainsi que pardon et salut
après la blessure du péché.
Sa bonté paternelle confie à ses élus une tâche de protection : ceux
qui ont expérimenté davantage sa miséricorde participent à la tâche messianique
du Rédempteur. La Vierge Mère « a été appelée d'une manière spéciale à rendre
proche des hommes cet amour à l'égard de ceux qui souffrent, des pauvres, des
prisonniers, des aveugles, des opprimés et des pécheurs » (Jean-Paul
II, encyclique Riche en Miséricorde §7).
Ève et Marie sont célèbres : l’une par sa faiblesse, l’autre par
sa fidélité. La plus ancienne tradition les place aux pôles de l’histoire du
salut. Les Pères de l’Église ont vénéré la Mère du Sauveur comme rempart contre
le démon, et avocate prête à nous obtenir le pardon de son Fils. Le pape François rappelait, au début de l’année de la
foi : « Marie, qui, par son
‘oui’, a ouvert la porte à Dieu pour dénouer le nœud de l’ancienne
désobéissance, est la mère qui, avec patience et tendresse, nous conduit à
Dieu, afin qu’il dénoue les nœuds de notre âme avec sa miséricorde de Père »
(Prière, 12/10/2013). Elle cherche aussi la brebis perdue.
Le titre de Marie comme « refuge
des pécheurs » s’inspire des élévations de saint Bernard. « Si, accablé par l'énormité de vos crimes,
confus des plaies hideuses de votre cœur, épouvanté par la crainte des
jugements de Dieu, vous vous sentez entraîné dans le gouffre de la tristesse et
sur le bord de l'abîme du désespoir, un cri à Marie, un regard à Marie » (Homélie sur
l’Annonciation 2,17). Elle protège et délivre, en
donnant l’énergie pour confesser la faute et prendre ensuite des résolutions
fermes.
À cette
époque, un manuscrit avec des litanies mariales l’invoque comme « refuge des pauvres » (Letania de
domina nostra Dei genitrice virgine Maria, Mayence) ; plus tard, en
Italie (1524), elle apparaît comme « refuge des sans
espoir » et
« secours des pécheurs ». Le titre « refuge des pécheurs » apparaît enfin
dans les litanies de Lorette (1558).
Les augustins déchaussés introduisirent la dévotion à Paris avec un
tableau de la Vierge de Montaigu (Brabant flamand) ; ensuite par celui de
la Mère de Miséricorde de Savone (Ligurie). « Marie ne parlait jamais d'elle-même, mais
toujours de Dieu, et elle l'a fait avec ce nom si ancien et toujours nouveau :
miséricorde, qui est synonyme d'amour, de grâce. » (Benoît XVI, Homélie à Savone, 17 mai 2008). Le comble de la miséricorde envers le
pécheur est le pardon.
À la suite du vœu de Louis XIII, proclamant la Vierge Marie patronne de
la France, une église fut construite à
Paris, à partir de 1629, et bénie en 1666. En 1809 elle fut rétablie au culte
sous le titre de « Notre-Dame des Victoires » ; quelques années
plus tard, grâce à la foi tenace du curé, qui consacra la paroisse au Cœur
Immaculé de Marie (1836), une confrérie fut établie en l’honneur de Notre Dame « Refuge des Pécheurs » ;
sur son autel, une statue, œuvre anonyme d’un sculpteur italien (1869), montre,
malgré la modestie du matériau, la splendeur de la Mère avec l’Enfant qui trône
sur le monde. Le diocèse de Paris commémore cette invocation le 16 janvier.
« On dirait que tous les péchés de ta vie resurgissent.
— Ne perds pas confiance. — Fais appel au contraire à ta Mère Sainte
Marie avec la foi et l’abandon d’un enfant. Elle ramènera le calme dans ton âme » (saint Josémaria, Chemin §498). Marie triomphe sur le péché par la force de son
amour maternel, qui transmet celui de son Fils. « Vous avez promis aux trois enfants de Fatima : — À la
fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Qu’il en soit ainsi ! » (Benoît XVI, Discours à Bethléem, 13/05/09).
Par l’abbé Fernandez.
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