mardi 28 janvier 2014

Les très riches heures du prélat


Dans huit mois, à Madrid, l’Église béatifiera Mgr del Portillo. Évêque prélat de l’Opus Dei, il succéda le fondateur ; saint Josémaria, en signe de confiance pour son plus proche collaborateur,  lui donna le surnom biblique de saxum (le roc solide).
Un auteur américain ose écrire que Mgr del Portillo est un « don de l’Église et pour l’Église », car son relief ecclésial est de première grandeur, à en juger par le procès en béatification (2004-2010) : parmi les 133 témoins, 31 étaient des cardinaux, archevêques ou évêques.
 
L’étude minutieuse de ses écrits a mis en relief une densité théologique, canonique et pastorale remarquable, surtout en rapport avec les droits des baptisés, hommes et femmes. Sa renommée mondiale de sainteté s’est manifestée par 12 000 récits de faveurs et dix millions d’images pour la dévotion privée. 

Sa première biographie complète (2012)  synthétise les événements principaux de ce parcours. Malgré une santé délicate, il s’est donné à fond : responsabilités pastorales dans l’Opus Dei et dans une dizaine de dicastères du Saint Siège ; « cheville ouvrière » du célèbre décret sur les prêtres de Vatican II et participant (dès 1983) à plusieurs synodes.

Comme pasteur de l’Opus Dei (1975 - 1994), il a préparé au sacerdoce plus de 700 candidats : 40 par an, dans une période avare en vocations. Il a promu une université pontificale à Rome (l’université pontificale de la Sainte-Croix*). Son rayonnement international a été incontestable : parmi ses 200 voyages pastoraux, qui ont sillonné les cinq continents, il a fait des séjours prolongés en 34 pays, où il a dialogué avec les évêques et avec de dizaines de milliers de fidèles.

Fordef-DPTN - évêque - Opus Dei
Grand promoteur de la science sacrée et de la formation de prêtres et de laïcs, il a été enfin ordonné évêque — après avoir refusé cette dignité depuis 1982 — par Jean-Paul II en 1991. Plus de 200 cardinaux et prélats lui ont imposé les mains dans la cérémonie.
 
Sa devise programmatique « Nous voulons que le Christ règne » a été confirmée par les faits. Bon ministre du Royaume, il sera le premier, parmi les 320 évêques consacrés par Jean-Paul II, à être béatifié.

 
 
 
 
 
Une accolade « prophétique », bien au-delà du protocole, entre les deux futurs bienheureux, eut lieu en 1992, le lendemain de la béatification de Mgr Escriva. En amont, une ancienne amitié. Le premier contact, bref, eut lieu à la basilique vaticane pendant la deuxième session du concile ; ensuite le cardinal Wojtyla découvrit l’Opus Dei. Avant le conclave du mois d’août 1978, ils prièrent ensemble. Le lendemain de l’élection papale (17 octobre), ils se rencontrèrent dans la clinique où ils rendaient visite à un ami commun, malade. Depuis, les contacts ont été intenses et fructueux. À la mort de Mgr del Portillo (23 mars 1994, à 80 ans), le pape s’est déplacé pour prier devant la dépouille de l’ami : « c’était un devoir », commenta le pontife. Le cardinal Dziwisz soulignerait ce geste exceptionnel.

Au début du XVe siècle, Jean I, duc de Berry, commanda un livre d’heures pour ses prières ; le résultat, avec ses plus de 60 grandes enluminures, en 206 feuilles de vélin, représente un joyau bibliophile du musée Condé de Chantilly : on l’appelle « Les Très Riches Heures ». Mgr del Portillo a bien rempli sa biographie, sans chômer dans le service : il nous laisse ses « riches heures » à méditer. Un cardinal ami souhaitait que, dans l’Église, il y en ait beaucoup comme lui. 


Par l’abbé Fernandez

* Pour plus d’informations : www.dptn.org

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