Dans huit mois, à Madrid, l’Église béatifiera Mgr
del Portillo. Évêque prélat de l’Opus Dei, il succéda le fondateur ; saint
Josémaria, en signe de confiance pour son plus proche collaborateur, lui donna le surnom biblique de saxum (le roc solide).
Un auteur américain ose écrire que Mgr del Portillo
est un « don de l’Église et pour
l’Église », car son relief ecclésial est de première grandeur, à en
juger par le procès en béatification (2004-2010) : parmi les 133 témoins, 31
étaient des cardinaux, archevêques ou évêques.
L’étude minutieuse de ses écrits a mis en relief une
densité théologique, canonique et pastorale remarquable, surtout en rapport
avec les droits des baptisés, hommes et femmes. Sa renommée mondiale de sainteté
s’est manifestée par 12 000 récits de faveurs et dix millions d’images pour la
dévotion privée.
Sa première biographie complète (2012) synthétise les événements principaux de ce
parcours. Malgré une santé délicate, il s’est donné à fond : responsabilités
pastorales dans l’Opus Dei et dans une dizaine de dicastères du Saint
Siège ; « cheville ouvrière »
du célèbre décret sur les prêtres de Vatican II et participant (dès 1983) à
plusieurs synodes.
Comme pasteur de l’Opus Dei (1975 - 1994), il a
préparé au sacerdoce plus de 700 candidats : 40 par an, dans une période
avare en vocations. Il a promu une université pontificale à Rome (l’université
pontificale de la Sainte-Croix*). Son rayonnement international a été
incontestable : parmi ses 200 voyages pastoraux, qui ont sillonné les cinq
continents, il a fait des séjours prolongés en 34 pays, où il a dialogué avec les
évêques et avec de dizaines de milliers de fidèles.
Grand promoteur de la science sacrée et de la
formation de prêtres et de laïcs, il a été enfin ordonné évêque — après
avoir refusé cette dignité depuis 1982 — par Jean-Paul II en 1991. Plus de
200 cardinaux et prélats lui ont imposé les mains dans la cérémonie.
Sa devise
programmatique « Nous voulons que le
Christ règne » a été confirmée par les faits. Bon ministre du Royaume,
il sera le premier, parmi les 320 évêques consacrés par Jean-Paul II, à être
béatifié.
Une accolade « prophétique », bien au-delà du protocole, entre les deux
futurs bienheureux, eut lieu en 1992, le lendemain de la béatification de Mgr
Escriva. En amont, une ancienne amitié. Le premier contact, bref, eut lieu à la
basilique vaticane pendant la deuxième session du concile ; ensuite le
cardinal Wojtyla découvrit l’Opus Dei. Avant le conclave du mois d’août 1978,
ils prièrent ensemble. Le lendemain de l’élection papale (17 octobre), ils se
rencontrèrent dans la clinique où ils rendaient visite à un ami commun, malade.
Depuis, les contacts ont été intenses et fructueux. À la mort de Mgr del
Portillo (23 mars 1994, à 80 ans), le pape s’est déplacé pour prier devant la
dépouille de l’ami : « c’était
un devoir », commenta le pontife. Le cardinal Dziwisz soulignerait ce
geste exceptionnel.
Au début du XVe siècle, Jean I, duc de Berry,
commanda un livre d’heures pour ses prières ; le résultat, avec ses plus
de 60 grandes enluminures, en 206 feuilles de vélin, représente un joyau
bibliophile du musée Condé de Chantilly : on l’appelle « Les Très
Riches Heures ». Mgr del Portillo a bien rempli sa biographie, sans chômer
dans le service : il nous laisse ses « riches heures » à méditer. Un cardinal ami souhaitait que,
dans l’Église, il y en ait beaucoup comme lui.
Par l’abbé Fernandez
* Pour
plus d’informations : www.dptn.org
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