Riches d’évocations, les litanies de Lorette égrènent
des compliments à Marie. Les premières, après l’invocation trinitaire, plantent
le décor de louange : « Sainte…
Sainte… Sainte… ». La Toute Sainte mérite bien ce « trisagion » : à la gloire
multiple de son nom, de sa maternité divine et de sa virginité. Presque comme
un portrait de Marie de Nazareth : comblée de grâce dans l’intimité de
sa personne, féconde dans la maternité, rayonnante dans le don du cœur et du
corps.
« Sainte
Vierge des vierges » : la sainteté, trésor de charité envers
Dieu et le prochain, est ainsi associée à sa virginité, don de soi exclusif en
vue de l’Incarnation du Verbe. Marie réunit les deux prérogatives à un
degré « éminent et singulier »
(Concile Vatican II, La lumière des
nations §63). La Liturgie des Heures l’atteste : sainte, parce que
dans l’assemblée des élus, elle a été « la
seule à être rehaussée en dessous de
Dieu » (saint Pierre Damien, Hymne pour l’Assomption) ; vierge, parce qu’« on n’y a jamais trouvé de précédent, ni à
l’avenir aura-t-elle de pareille » (Sedulius, Chant pascal 2,69). Enfin depuis le moyen âge, une antienne
majeure, ajoutée dans l’expectation de Noël en Angleterre, l’acclame avec ce
superlatif délicat : « Ô vierge
des vierges ! ».
La plénitude de grâce de Marie est une donnée
imprescriptible de foi ; de plus, sa virginité, prémices de la Nouvelle
Alliance, est professée dans les anciens Symboles. La sainteté de Notre Dame
est surtout honorée par les solennités de l’Immaculée Conception et de
l’Assomption, ou par la mémoire de son Saint Nom. Sa virginité est davantage
mise en valeur dans les dates de l’Annonciation, de la Maternité divine ou
encore, en filigrane, dans la Présentation du Seigneur (Saint Siège, La piété populaire et la liturgie,
§122).
Quarante jours après Noël, « le Messager de l’Alliance, que vous désirez » (Malachie 3,1) arrive pour la première
fois au temple de Jérusalem ; la Cité sainte, Épouse du Messie, jubile à
la rencontre du Rédempteur. « Sion,
toi qui attends le Seigneur, orne ta demeure nuptiale » (Pierre Abélard,
Hymne pour la Purification). À son
tour, la fiancée royale, Sainte Vierge
des vierges, porte l’Offrande du sacrifice qui renouvellera
l’Alliance.
L’huile sur bois de Gérard David (1509), La Vierge entre les vierges, offerte par
l’auteur aux carmélites de Bruges, a
reçu les honneurs de la cimaise au Musée de Beaux Arts de Rouen. Dans une
composition orante et empreinte de majesté, l’Enfant tient une grappe, que
Marie partage : un signe de la grâce, du « vin nouveau qui réjouit les vierges » (Zacharie 9,17). L’amour rédempteur est source de la charité,
qui soutient la fidélité des vierges : de celles qui ont reçu, comme la
Vierge souveraine, le don de l’amour sans partage.
Marie a accompli la charité de son Fils dans sa
maternité sainte et virginale. « Il n’est pas
possible de séparer la pureté, qui est amour, de l’essence de notre foi, qui
est charité, sursaut d’amour sans cesse renouvelé pour Dieu, qui nous a créés,
nous a rachetés et nous prend continuellement par la main » (saint Josémaria, Amis de Dieu §186). La virginité rend
plus visible l’image du Christ, de l’Église et du Royaume définitif des cieux.
Sainteté et virginité s’embrassent dans le cœur féminin de Marie, placé dans la
clé de voûte de la Cité céleste.
Par l’abbé Fernandez.
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