La mémoire de Notre Dame de Lourdes, depuis deux
décennies, est associée dans l’Église à la Journée des Malades ; en France, au Dimanche de la Santé. La date rappelle le haut lieu marial, « symbole d’espérance et de grâce dans
l’acceptation et l’offrande de la douleur qui sauve » (Jean-Paul II, Lettre, 13 mai 1992 §3). Auparavant, le pape, fort de son expérience, avait
éclairé l’Église sur « l’Évangile de
la souffrance » (Lettre La
Douleur Salvifique, 11 février 1984 §26).
Le Sauveur de l’humanité montre de l’intérêt
aussi pour la santé du corps, qui aide à servir Dieu et le prochain. Jésus
s’attaque au mal : d’abord au péché ou à la possession diabolique, mais aussi
aux maladies psychiques et somatiques : « une force sortait de lui et les guérissait tous » (Luc 6, 19). La nouvelle création est déjà
agissante par les mains du Christ. Son pouvoir est au service de notre bonheur
intégral.
Le Rédempteur a supporté fatigues, tortures, agonie.
Il a proclamé la béatitude de ceux qui souffrent (Matthieu 5,4) et promis la récompense à ceux qui les aident (Matthieu 25,36). Les chrétiens ont reconnu « dans les traits du
frère malade la Sainte Face du Christ » (Jean-Paul II, Lettre 1984 §3).
La Mère du Sauveur, forte de son rôle maternel, veille sur les fidèles. Reconnue d’abord comme
médiatrice du salut spirituel, on l’a invoquée, par analogie, pour soulager
l’infirmité corporelle. Dès le IIIe
siècle elle était un recours sûr comme
« défense de notre santé ».
Les icônes byzantines de La source
vivifiante montrent la Mère de Dieu à l’intérieur d’un ample vase qui
déverse une panacée bienfaisante. L’hymne Acathiste (626) l’acclame : Réjouis-toi, Guérison de mon
corps. Saint Jean de Damas lui fait dire : « Me voici devenue, pour les malades, le
remède qui chasse tous les maux » (Sermon pour la Dormition 2 §17). Pierre le Vénérable, abbé de
Cluny (mort en 1156), consacrait à Marie, Santé
des malades, une chapelle auprès de
l’infirmerie des moines.
Les litanies de Lorette entérinent le titre :
Salus infirmorum. Ainsi l’implore le
rituel de l’onction de malades. Le Missel romain lui confie « la santé de l’âme et du corps » (Oraison), car « elle brille comme un
signe de salut et d'espérance aux yeux des malades qui invoquent sa protection » (Préface).
La congrégation hospitalière camillienne voue un
culte particulier à Notre Dame, Santé des
malades, fêtée le 16 novembre, dans l’église romaine Sainte-Marie-Madeleine.
Un tableau anonyme de la Vierge à l’Enfant (XVIe siècle), préside sa
sobre chapelle, construite en 1718. Jésus bénit la demande de Marie et appuie
sa main gauche sur celle de sa Mère, l’associant à son pouvoir salutaire.
La maladie constitue une épreuve morale à cause de la dégradation physique
et la douleur ; le Seigneur la permet pour nous attacher davantage à lui
et à son projet de rédemption. Pour le chrétien, le handicap devient
bénédiction ; pour ses proches, un stimulant de respect, de générosité et de
charité, qui enrichit l’Église et le monde. « A vous précisément
qui êtes faibles, nous demandons de
devenir une source de force pour l'Église et pour l'humanité. Dans le
terrible combat entre les forces du bien et du mal, dont le monde contemporain
nous offre le spectacle, que votre souffrance unie à la Croix du Christ soit
victorieuse ! » (Jean-Paul II, Lettre 1984 §31).
Par l'abbé Fernandez
Les derniers mots pris de Jean-Paul II sont très forts quand nous pensons comment ce pape a incarné dans les dernières années de sa vie ce qu'il a prêché sur la souffrance.
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