jeudi 26 juin 2014

Au diapason du Coeur du Christ



La plus grande mosaïque de France, avec presque 500 mètres carrés, représente le Triomphe du Sacré Cœur de Jésus. Œuvre des décorateurs Merson et Magne (1923), elle remplit l’abside de la basilique de Montmartre, témoin grandiose de la dévotion populaire avec dix millions de visiteurs par an.
L’apôtre bien aimé, proche du Cœur de Jésus à la dernière Cène, fut témoin du transpercement post mortem. L’évangile met en relief ce geste (Jean 19, 34), qui a inspiré la prière de l’Église : « de son côté transpercé, laissant jaillir le sang et l’eau, il fit naître les sacrements de l’Église, pour que tous les hommes, attirés vers son cœur, viennent puiser la joie aux sources vives du salut » (Missel Romain, solennité du Sacré-Cœur, préface).
« Mourant sur la croix, Jésus ‘remit l'esprit’ (Jean 19, 30), prélude du don de l’Esprit Saint qu’il ferait après la résurrection… L’Esprit est la puissance intérieure qui met leur cœur au diapason du cœur du Christ, et qui les pousse à aimer leurs frères comme Lui les a aimés » (Benoît XVI, encyclique Dieu est amour §19).
Les Pères de l’Église ont souligné les perspectives inépuisables de ce signe rédempteur : refuge pour les pénitents, source de grâce, « blessure d’amour » (Cantique 4, 9) dans l’âme de l’Époux, berceau de l’Église naissante, cible des regards contemplatifs… La spiritualité, nourrie de ces références, a atteint des sommets, depuis les Bernard et les Bonaventure. Au Nouveau Monde, le jésuite canarien José d’Anchieta dédia la première église au Sacré-Cœur (1552), au nord de Rio de Janeiro. Marguerite-Marie Alacoque bénéficia de révélations (1673-1675) qui ont marqué la liturgie et le magistère universel. Dans cette ligne, Jean-Paul II institua le dimanche de la miséricorde, lors de la canonisation de Faustina Kowalska (2000).
La musique française a osé offrir Les battements du Cœur de Jésus, dans l’œuvre chorale métatonale de Claude Ballif (opus 46, créée à Reims en 1972), qui s’inspire de sainte Gertrude d’Helfta. Le Cœur du Sauveur palpite pour obtenir la miséricorde du Père, l’intercession des saints et la conversion des hommes : « Je m'adresse au pécheur lui-même, je l'appelle miséricordieusement à la pénitence, attendant ensuite sa conversion avec un désir ineffable » (Le Héraut de l‘amour divin 3,51).
Le pape Benoît XVI en a souligné l’importance. « La foi, qui prend conscience de l’amour de Dieu qui s’est révélé dans le cœur transpercé de Jésus sur la croix, suscite à son tour l’amour » (encyclique Dieu est amour §39). « Dieu nous a aimé en premier » (1 Jean 4, 19) et nous rapproche de lui en nous donnant son Fils unique : la vérité de cet amour n’écrase pas, mais libère le cœur de chacun, par la Parole, les sacrements et les autres fidèles.
 La puissance transformatrice de l’amour du Christ provient de sa bienveillance gratuite ; un feu vibrant qui purifie et élève. L’expérience du pardon reçu, dans la contrition parfaite et le sacrement de réconciliation, pousse à se rapprocher de lui. « Lorsque chaque jour le Seigneur te relève, embrasse-le de toutes tes forces et pose ta pauvre tête sur sa poitrine ouverte, pour que les battements de son Cœur infiniment aimable achèvent de te rendre fou » (saint Josémaria, Chemin §884).

Par l'abbé Fernandez

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