La plus
grande mosaïque de France, avec presque 500 mètres carrés, représente le Triomphe du Sacré Cœur de Jésus. Œuvre
des décorateurs Merson et Magne (1923), elle remplit l’abside de la basilique
de Montmartre, témoin grandiose de la dévotion populaire avec dix millions de
visiteurs par an.
L’apôtre bien
aimé, proche du Cœur de Jésus à la dernière Cène, fut témoin du transpercement
post mortem. L’évangile met en relief ce geste (Jean 19, 34), qui a inspiré la prière de l’Église : « de
son côté transpercé, laissant jaillir le sang et l’eau, il fit naître les
sacrements de l’Église, pour que tous les hommes, attirés vers son cœur,
viennent puiser la joie aux sources vives du salut » (Missel Romain,
solennité du Sacré-Cœur, préface).
« Mourant
sur la croix, Jésus ‘remit l'esprit’ (Jean 19, 30), prélude du don de
l’Esprit Saint qu’il ferait après la résurrection… L’Esprit est la puissance
intérieure qui met leur cœur au diapason du cœur du Christ, et qui les pousse à
aimer leurs frères comme Lui les a aimés » (Benoît XVI, encyclique Dieu est amour §19).
Les Pères de
l’Église ont souligné les perspectives inépuisables de ce signe rédempteur :
refuge pour les pénitents, source de grâce, « blessure d’amour » (Cantique 4, 9) dans l’âme de l’Époux,
berceau de l’Église naissante, cible des regards contemplatifs… La spiritualité,
nourrie de ces références, a atteint des sommets, depuis les Bernard et les
Bonaventure. Au Nouveau Monde, le jésuite canarien José d’Anchieta dédia la
première église au Sacré-Cœur (1552), au nord de Rio de Janeiro. Marguerite-Marie
Alacoque bénéficia de révélations (1673-1675) qui ont marqué la liturgie et le
magistère universel. Dans cette ligne, Jean-Paul II institua le dimanche de la miséricorde, lors de la
canonisation de Faustina Kowalska (2000).
La musique
française a osé offrir Les battements du
Cœur de Jésus, dans l’œuvre chorale métatonale de Claude Ballif (opus 46,
créée à Reims en 1972), qui s’inspire de sainte Gertrude d’Helfta. Le Cœur du
Sauveur palpite pour obtenir la miséricorde du Père, l’intercession des saints
et la conversion des hommes : « Je m'adresse au pécheur lui-même, je l'appelle
miséricordieusement à la pénitence, attendant ensuite sa conversion avec un
désir ineffable » (Le Héraut de l‘amour
divin 3,51).
Le pape
Benoît XVI en a souligné l’importance. « La foi, qui prend conscience de
l’amour de Dieu qui s’est révélé dans le cœur transpercé de Jésus sur la croix,
suscite à son tour l’amour » (encyclique Dieu est amour §39). « Dieu nous a aimé en premier » (1 Jean 4, 19) et nous rapproche de lui en
nous donnant son Fils unique : la vérité de cet amour n’écrase pas, mais libère
le cœur de chacun, par la Parole, les sacrements et les autres fidèles.
La puissance transformatrice de l’amour du
Christ provient de sa bienveillance gratuite ; un feu vibrant qui purifie
et élève. L’expérience du pardon reçu, dans la contrition parfaite et le
sacrement de réconciliation, pousse à se rapprocher de lui. « Lorsque
chaque jour le Seigneur te relève, embrasse-le de toutes tes forces et pose ta
pauvre tête sur sa poitrine ouverte, pour que les battements de son Cœur
infiniment aimable achèvent de te rendre fou » (saint Josémaria, Chemin §884).
Par l'abbé Fernandez
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