Depuis le XVIe siècle
Basilique patriarcale Sainte-Marie-des-Anges, rebâtie après des séismes, garde un
souvenir précieux près d’Assise : la chapelle de la Portioncule. Ancien
lieu de culte bénédictin à l’Assomption de Marie, dans la vallée de Spoleto, il
fut reconstruit par saint François en 1209 ; témoin d'apparitions des
anges, il devint berceau de l’ordre
franciscain et lieu du départ du
fondateur vers la gloire.
La Portioncule abrite un polyptique du Trecento embrasé de couleur. Sa façade
est couronnée d’une statue gothique. Sur le tympan, la fresque de Friedrich Overbeck
(1830) figure la vision de 1216 : François demande à Jésus et à Marie,
entourés d’anges, l’indulgence plénière pour les pèlerins. Depuis, le 2 août commémore
ce signe de miséricorde ; par la suite, l’indulgence fut élargie à toutes
les églises paroissiales du monde. Notre Dame des anges étend partout le règne
de son Fils.
La dévotion populaire acclame la « royauté
universelle » (Lumen Gentium §59)
de la Mère du Messie. La liturgie en remercie Dieu : « Tu l’as élevée bien au-dessus des
anges » (Messe de Sainte Marie,
reine de l’univers, préface) ; la Reine les gouverne selon les
desseins de la nouvelle alliance. Une
mosaïque byzantine à Ravenne (vers l’an 500) montre Marie Reine, avec l’Enfant,
entourée d’archanges serviteurs. « Elle est plus proche du Seigneur que
les séraphins » (J. H. Newman, Méditations
pour le mois de mai II, 1).
« L’ange du Seigneur » (Genèse 16, 7) se manifeste souvent dans l’histoire du salut ;
les messagers célestes préparent Abraham à la descendance messianique ; avec
des noms individuels, ils protègent les jeunes, annoncent les derniers temps. « De l’Incarnation à l’Ascension, la vie
du Verbe incarné est entourée de l’adoration et du service des anges » (Catéchisme §333). Ainsi la Mère de Dieu dialogue avec Gabriel à
Nazareth et entend les échos angéliques à Bethléem. Des anges avisés aiguillent
l’exil et le retour de la Sainte Famille. Saint Michel accourt auprès de la
Femme, dans la lutte entre le Messie et l’enfer (Apocalypse 12, 7).
Marie est acclamée à Pâques comme Regina caeli ; on attribue cette antienne au bénédictin
Geoffroy, abbé de la Trinité de
Vendôme (mort en 1132), ainsi que la salutation à « la Souveraine des anges »
(Ave Regina caelorum). Saint François lui dédiera la Portioncule. Entre
autres lieux-dits de plusieurs continents, « Le village de Notre Dame,
Reine des anges, du fleuve Portioncule », fondé par les évangélisateurs
franciscains, lui doit son nom ; le fleuve est devenu Los Angeles River, tandis que l’agglomération a gardé sa
dénomination castillane Los Angeles (Californie,
USA).
François et ses compagnons commencèrent une
prédication itinérante de l’Évangile : ce qui « signifiait la joie pour
le changement qu’ils avaient éprouvé dans leurs vies grâce au courage de
la pénitence » (J. Ratzinger, Le
pardon d’Assise, 2005). Autour des papes, Assise a accueilli, à trois
reprises (entre 1986 et 2011), des rassemblements de prière pour la paix.
Les Mantegna, André della Robbia ou Botticelli, ont
honoré la Reine des anges. À la basilique de Notre Dame des anges et des martyrs de Rome (1561), un tableau,
copie d’une mosaïque vénitienne, entouré de chérubins sculptés, préside le
chœur : Marie et l’Enfant sont, selon la tradition biblique (Tobie 12, 15), au milieu de sept
archanges qui portent des sceptres ; Michel et Gabriel soutiennent la
couronne de leur reine. Par la suite on a préféré représenter Notre Dame
entourée des neuf chœurs traditionnels d’anges.
Les litanies la proclament Regina angelorum, parce que Marie guide leur mission dans l’Église,
éclaire leur connaissance de l’incarnation,
enflamme leur louange. Les esprits célestes transmettent aux hommes des inspirations et de
secours en suivant le regard de leur reine.
Par l'abbé Fernandez
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