La royauté du Christ, loin d’être oisive, rachète,
sanctifie et amène à la gloire. Près de lui, Marie écoute et agit : appelée
à engendrer l’héritier éternel de David (Luc
1, 32-33), elle présente aux Mages « le Roi nouveau-né » (Matthieu 2, 2) ; après la gloire messianique
à Cana, elle veille sur le Roi transpercé (Jean
19, 25). Le manteau royal de Marie a été tissé avec les fibres de sa
fidélité.
« Réjouis-toi, Reine du monde, Souveraine
de tes fidèles » (Hymne Acathiste).
La glorieuse Mère de Dieu, associé à la résurrection du Seigneur, participe à
son Royaume d’amour. Depuis Éphrem et Pierre Chrysologue, les docteurs ont
approfondi cette conviction sûre : « elle est devenue reine de toutes
les créatures » (saint Jean de Damas, La
foi orthodoxe 4, 15). « La
reine du roi céleste » (sainte Claire d’Assise, Lettres) est au sommet de l’Église, comme « Reine et Mère de
miséricorde ». La liturgie chante
ce titre.
La foi a été traduite en image par l’art ancien dès le
VIe siècle : Notre Dame dans un trône (Ravenne) ou recevant la
couronne (Croatie), en signe de son autorité pour transmettre la vie. Dans
l’abside de Sainte-Marie Majeure, la vaste mosaïque de Jacques Torriti (Rome,
1295) montre le geste délicat du Seigneur déposant la couronne sur sa Mère. Plus
tard, la Trinité offrira l’insigne. À partir de l’an 1600, de nombreuses images
ont bénéficié du rite du couronnement.
Comme aboutissement d’un fort courant au XXe
siècle, Pie XII (encyclique
Fulgens corona, 11 octobre 1954)
en institua la mémoire ; l’Église proclame
solennellement la « royauté universelle » (Lumen Gentium §59) de la Vierge, fêtée dans l’octave de
l’Assomption.
La dévotion populaire l’acclame à loisir. À l’origine,
les litanies de Lorette énonçaient huit titres ; les papes, depuis le XIXe
siècle, en ont rajouté d’autres, après les définitions dogmatiques (Pie IX, Pie
XII) et dans l’urgence pour la prière du rosaire (Léon XIII), la paix (Benoît
XV) ou le soutien de la famille (Jean-Paul II).
Marie règne par la vitalité d’une âme Conçue sans péché, à l’unisson du Cœur du
Bon Pasteur qui dispense la grâce au monde. La Reine de l’Assomption stimule
l’espérance de gloire, en nous rapprochant des sources du salut. Comme Reine du
rosaire, Marie gouverne son peuple qui, par cette prière, glorifie la
Trinité et édifie l’Église. La Reine
de la paix a été invoquée dès la Grande Guerre, en pleine confiance dans
une heure d’affliction extrême (Benoît XV, Lettre, 5 mai 1917). Reine de la famille, communauté porteuse d’amour humain et divin entre parents et enfants, Notre Dame rassure : « L'avenir de l'humanité passe à travers la
famille » (Jean-Paul II, Exhortation
sur la Famille, 1980
§86).
La Reine des
anges les éclaire sur l’Incarnation et les pousse à protéger les membres du Christ contre l’enfer (Apocalypse
12, 7). Marie règne
sur les patriarches qui l’ont attendue : la Nouvelle Ève, plus croyante et généreuse
qu’Abraham (Catéchisme §144), trône
au-dessus de chaque maillon de la
lignée messianique, « issue de la souche de Jessé » (Isaïe 11, 1). Remplie d’esprit
prophétique à la Visitation (Origène, Homélies
sur Luc §8), Marie devient Reine des
prophètes et
des prophétesses de l’histoire du salut.
Dans la Nouvelle Alliance, elle est aussi Reine des apôtres de son Fils et messagère
fidèle pour la première génération chrétienne. « Plus que martyre » (saint Bernard, Sermon pour l’octave de l’Assomption §8), la Reine des martyrs conforte ceux qui imitent l’holocauste de Jésus, « source et modèle de tout martyre » (Liturgie des Heures).
« Une nuée
de témoins » (Hébreux 12, 1),
parmi lesquels excelle la Reine bienheureuse :
les confesseurs, qui ont enduré des
difficultés pour garder le trésor de la foi ; les vierges, laïques ou consacrées, qui se sont montrés dignes de l’Époux divin (Psaume 45,15) ; tous les saints
et saintes, y compris les plus ignorés, qui ont mûri au long de l’histoire.
Même les enfants
pécheurs osent contribuer à sa royauté de miséricorde. « Et moi, la Mère de Dieu, qui est aussi ma Mère, je la
couronne de mes misères purifiées, parce que je ne possède ni pierres
précieuses ni vertus » (saint Josémaria, Forge §285).
Par l'Abbe Fernandez
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